Il y a plusieurs façons, plusieurs angles, d'aborder Deepak Verbera, le troisième album du producteur texan Botany. Celui de l'ex-producteur de hip-hop école Dilla / Madlib qui fait passer son savoir-faire du sampling et du beatmaking au jazz ambient. Celui, aussi, du représentant de l'undergorund d'Austin qui, bien que plus discret que ceux de New-York, Chicago ou Los Angeles, a hebergé des figures aussi importantes que The 13th Floor Elevator ou Star Of The Lid. Celui, enfin, de Horris E. Campos, la figure que le producteur décrit comme l'équivalent de Ziggy Stardust pour Deepak Verbera.
D'après Botany, Campos (qui n'a jamais existé) est un voyageur mystique des années 70 et 80 qui prétend avoir été en contact avec des entités faites de lumière qui entraient en communication avec lui via des sons vibratoires ; sons qu'il s'efforçait ensuite de recréer en enregistrant des couches d'instruments les unes sur les autres. Ce qu'il faut retenir de l'histoire de ce cousin fictionnel de Claude Vorilhon, ce sont les couches d'instruments et la lumière : en indy "Deepak" veut dire "source lumineuse" et en latin "Verbera" désigne le fouet.
Cette juxtaposition correspond bien à l'ambition du musicien qui a conçu Deepak Verbera comme un album d'ambient accrocheur et tendu, quasi-violent. Si avec ce LP il se rapproche de la musique d'Alice Coltrane ou de Rashied Ali, Stephenson garde en mémoire l'allonge du hip-hop de ses précédents EP's et LP's, notamment le rap hallucinatoire de Dimming Awe,The Light is Raw.
Les paysages qu'il dessine avec ses micro-samples de soul, ses synthés chauds et ses pulsations de basses sont en clair-obscur, souvent totalement arythmiques, pleins de drones de guitares, de touches de piano acoustique, conçus parfois comme des cascades de loops ("Cleaning Gleaming"), parfois de lentes progressions en nappe successives ("Whose Ghost", le morceau d'ouverture).
Un album à écouter fort et en boucle, de l'ambient du désert plus que de la musique d'aéroport, sorti chez les toujours bien inspirés Western Vinyl et qui se commande ici.
Crédit photos : Michael Muller
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