"J'ai souvent acheté des disques de façon totalement arbitraire. Ou plutôt sur le seul critère de la pochette. C'est fou la puissance évocatrice d'une pochette de disque, ça peut vous obséder pendant des mois et ne plus vous lâcher tant que vous n'avez pas acheté le disque en question. Quand j'avais 12 ans, j'ai fantasmé je ne sais pas combien de temps sur le deuxième album Cathedral juste parce que j'avais vu la pochette dans un magazine et qu'elle me fascinait. Et il se trouve qu'en plus la musique tenait carrément la route, j'étais le roi du monde. Bref, 20 ans après, je continue à craquer ma chemise sur des disques sur la seule foi de leur pochette. Rarement été déçu au final. Au fil de mes achats, j'ai pu dégotter quelques belles pièces et lorsque The Drone m'a demandé de sélectionner le "disque le plus rare de ma collection", j'avoue avoir été bien embêté. Non pas parce mes disques sont les plus rares du monde, mais parce que je suis tombé amoureux physiquement de certains sans vraiment savoir expliquer pourquoi. En choisir seulement un est devenu alors très compliqué. J'ai hésité à proposer ce disque qui est une des meilleures compilations de bizarreries DIY jamais sorties à cette époque en France et qui propose un magnifique livret de présentation des 48 artistes mais c'était trop exhaustif à mon goût. Trop facile. Du coup, mon choix s'est porté sur ce disque de Cyrnai dont je n'avais jamais entendu parler avant de tomber dessus. Cyrnai donc, aka Carolyn Fok est une illustratrice à la base (y'a à boire et à manger) qui a également acquis une petite renommée dans le milieu des bidouilleurs indus et autre enregistreurs de cassettes. . Si vous avez le temps, allez lire une chouette interview... Acheté encore une fois après être tombé en admiration devant la pochette (une magnifique illustration de Carolyn herself accompagnée d'un merveilleux fascicule de 30 pages mélangeant références à l'histoire , invocation libertaire, appel à l'art total, et manifeste pour la révolution), il se trouve que les 6 morceaux de ce disque tuent en long et en large. Un groove sale, tribal doublé d'une voix d'amazone qui susurre des choses incompréhensibles, pas besoin de plus pour faire mon bonheur".
Clement Meyer est DJ, producteur et dirige les labels Get The Curse et Odd Frequencies.
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