Chop: Illuminate

Imaginez. Imaginez un monde où Flying Lotus ferait quelque chose de correct avec son barda. Imaginez un monde où les groupes de rock psychédélique ne limiteraient pas leur univers aux feedbacks de Jazzmaster et aux chien-loups peints à l'aérographe. Un monde où Bruce Haack serait encore vivant et produirait du rap pour MF DOOM. Eh ben Illuminate de Chop, qui vient de sortir sur Now Again, c'est presque ça.

Avec son blase de beatmaker de base ("to chop" pour "couper", "émincer"), ce Britton en fedora, gestionnaire le jour d'un studio tout vintage près de Liverpool, imagine rien de moins qu'une nouvelle aile à l'édifice cratedigger anglais - ce beau bâtiment en briques rouges qui abrite pour l'éternité les oeuvres de Stereolab, Luke Vibert, DJ Food, pas mal de missels affiliés à l'hantologie ou l'intégrale DC Recordings. Sous les arcades de son abside, Coz Littler a entassé des vieux synthés anglais, quelques vieux robots boiteux, des dictées magiques du monde entier, les intégrales de Can et des JB's. Et les fesses calées dans un vieux fauteuil club, il fait ce qu'il a faire, du funk stellaire, largement synthétique, ponctuellement saturé, grinçant, surtout frontal et facile comme du Emperor Machine mais avec une tendance nettement plus prononcée à l'embonpoint.

Passionné plus que de raison par le rare groove européen, le funk à moog et à meuh initié par le couple Perrey-Kingsley et l'âge d'or de la library music, il frise aussi parfois la musique sans conséquence - le gars se fiche littéralement des histoires de fantômes qui intéressent la plupart de pousse-boutons-vintage. Mais comparé à 85% des machins chancelants qui pompent la bande Brainfeeder / Low End Theory ces derniers temps, le truc est dense et poétique comme un centre commercial japonais. Conseil d'ami, écoutez-le deux fois de suite dont au moins une fois au casque avant de vous faire une opinion pour de bon.