Holograms, donc, quatuor de gamins des alentours de Stockholm au programme esthétique épais comme une feuille de graphène avec lequel on a en premier été presque étonnés de s'infatuer mais dont le parcours éclair (un 7", et un album chez Captured Tracks) n'a cessé de nous réjouir et de nous étonner. On n'a d'ailleurs cessé de vous en parler au fur et à mesure que les morceaux (épatants) et les images (frappantes) nous arrivaient : ces quatre-là refusent la cusine moléculaire, le post-dubstep et les gammes compliquées, mais il y a bien plus d'idées et d'urgence dans leurs petites fusillades punky darky new wave que dans la grande majorité des prods indie sophistiquées contemporaines.
La bouche pleine de leurs bonbons (au poivre), on est donc partis les filmer, et on a fini par les héberger, stocker leur matos au bureau, déméler une vague histoire de voiture pétée en réparation à Nantes, essuyer leurs larmes, leur filer des clopes... Mais on a surtout été ravis de vérifier qu'on avait pas affaire à quatre kids huppés de la capitale suédoise (rappelons en passant que Stockholm, c'est un peu comme Paris pour la province, une ville qui se la raconte un chouilla) mais à de la vraie progéniture prolo de choix, du genre qui s'ennuie sur les parkings des projects les pieds dans la poudreuse, emballe des bouquins dans du cellophane dans une factory de leur banlieue-béton pour se mettre quelques couronnes dans la poche, et irrigue son idiot punk braillard d'un art de la dépression juvénile bien plus viscéral qu'ils n'ont l'air de s'en rendre compte.
Tout excités par leur sens du hook et de la mélodie (le petit gimmick de MS10 sur de l'hymne "Chasing My Mind"), on a commencé nous-mêmes par passer à côté du vrai pitch; leur album sur le disque dur, c'est finalement ce lourd manteau cold wave, vrai costume d'apparat chez Frustration ou Interpol, qui nous rend le tableau cohérent : Holograms n'ont inventé aucun genre de poudre, Holograms n'ont rien à voir avec le futur, Holograms jouent faux et pourtant, tout chez eux est un peu plus vrai et un peu plus juste. On leur souhaite tout le bonheur du monde - même la gloire Internet, même le soutien indéfectible de Pitchfork - mais surtout pas de grandir ou, pire encore, de commencer à aller mieux.
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