En 1987, alors que Sonic Youth accouche de Sister et Kurt Cobain de Love Buzz, trois mèches estudiantines d’Harvard restent imperméables à leurs décibels rebelles. Avec leur groupe Galaxie 500, dont ils empruntent le nom à la mythique caisse familiale de Ford, ils s’offrent un master en mélodies désossées, minimalistes et rêveuses, et s’abritent de la déferlante grunge en s’accrochant aux disques de Jonathan Richman, du Velvet Underground ou des 13th Floor Elevators.
Du punk (que Cobain est alors persuadé de prolonger), Dean Wareham et le couple de lovers qui l’accompagne ne retiennent qu’une certaine éthique, et la possibilité de faire de la musique sans connaître une seule note. Plutôt amoureux des belles mélodies, ils développent alors une pop ultra-simple avec pour seul motto: mieux vaut un silence bien géré, qu’un solo dégueulasse. Le précepte leur vaut quelques insultes lors de leurs premiers concerts à domicile, à Boston, où carburent alors les Pixies. Et c’est à l’échelle nationale, aux côté de The Feelies, Codeine, Slowdive, ou encore Yo La Tengo que prend la mayonnaise, sous le nom pompeux de Slowcore.
Côté famille, le jeune Dean, là aussi, défie le destin. Avec un papa néo-zélandais qui a la bougeotte, la smala Wareham quitte le pays des All Blacks en 77; c’est décidé, Dean fera sa crise d’adolescence à New York. Marqué au fer blanc par cette époque rêvée, qu’il n’hésite pas en interview à qualifier de “période la plus excitante dans toute l’histoire du Rock’n'Roll”, Dean en tire même en 2008 un bouquin, Black Postacards, A Rock & Roll Romance (chez Penguin). Il y retrace ses cinq années de services au sein de Galaxie 500, et, faisant le bilan de sa carrière, prend un malin plaisir à raconter toute la vérité et rien que la vérité sur la vraie vie d’un groupe, et démystifie en bonne et due forme l’image chimérique de la rockstar.
21 ans après leur split initial en 91, après une reconversion dans Damon & Naomi pour le batteur Damon et sa copine bassiste Naomi, et dans Luna pour Dean Wareham (groupe dans lequel il invite un The Feelies, et un néo-zélandais de The Chills), pesait toujours le poids d’un groupe trop tôt disparu. Mais la réédition des trois albums de Galaxie 500 (Today, On Fire, This Is Our Music) l’an dernier a précipité Dean sur la route à rejouer ses classiques. Pour notre part, nous l’avons intercepté en février dernier (une lenteur de publication qui nous a semblé de mise) à la Flèche d’Or à Paris. Une occasion de rappeler en vidéo que sur la voie Dream Pop empruntée par les Beach House, Real Estate, ou M83, est sans doute déjà passée une Galaxie 500.
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