De la dure condition de l'indie kid au coeur pur arraché à l'obscurité malgré lui.
Le pauvre Jimmy Tamborello n'avait pourtant pas choisi la musique la plus fastoche pour prendre le pouvoir dans les jardins secrets de nuées de gamins sensibles aux quatre coins de la suburbia américaine: une electronica poppy et grésillante, chargée en belles matières mais volontiers mollassonne, seulement dopée aux ascensions pastelles de la première génération shoegaze pour faire pousser l'émotion de gré ou de force chez les lecteurs de Dave Eggers. Bref, l'Amérique hip et mélancolique dans toute sa splendeur, à qui on en veut un peu, beaucoup, passionnément d'avoir dilué la violence esthétique des premiers soldats der la rupture lo-fi (en gros, tout ce qui sortait sur Drag City ou K entre 1990 et 1998) pour en faire le nouvel establishment sentimental.
Dans le cas de Tamborello et de sa très mélancolique ascension vers les étoiles, il y eut le premier Dntel de 2001, maintes fois réédité et canonisé classique de son temps quand il sortit en 2001 sur un label alors très confidentiel, et surtout l'essor inexorable de The Postal Service, side-project d'indie pleurnichard pupute qui reste la deuxième meilleure vente de tous les temps du label Sub Pop.
Après un bon gros faux-pas loukoumesque en 2007, Tamborello a fait profil bas et s'est sûrement noyé dans la crise existentielle. Aimlessness (un bien beau titre pour un disque qui sort dans la purée de 2012) sort sur le Pampa de DJ Koze qui, après le Well Spent Youth d'Isolée, commence à prendre des airs de clinique de réhabilitation (ou, euh, de mouroir?) pour les ex gloires de la musique électronique qui auraient mal vécu l'adulation des foules et des gros labels. Et comme Well Spent Youth, c'est à la fois un disque un peu largué et un retour aux sources 100% digitales pas mal emballant, le bruit d'une âme (de robot) qui se retrouve avec elle-même loin du boucan de la vie à la grande ville. A noter que le dernier morceau de l'album, "Paper Landscape", sample Popol Vuh. A priori, il faut vraiment être le dernier des trolls sans coeur pour arriver à saloper un morceau avec du Popol Vuh dedans.
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