A la manière d'un Alexandre Yersin refusant absolument de rentrer dans le moule dessiné par ses premiers exploits, le Canadien David Psutka a une tendance déconcertante au changement de cap. Apparu dans un des recoins les plus fertiles et les plus agités de la diaspora bass music - celui où Night Slugs a planté son drapeau aux quatres vents - il vire de bord à peu près systématiquement à chaque nouvel item de sa discographie, en dépit de tout bon sens marketing et de toute cohérence carriériste.
A l'instar de son comparse Jam City, autre dealer d'infrabasse passé de la dance music au tout cubiste et tout conceptuel en un disque épatant, Egyptrixx a cédé aux exigences de la recherche et du tout formel plutôt qu'aux sirènes en bikini de la house nation et ne produit plus que des disques-systèmes où rien, de l'épaisseur de la caisse claire aux couleurs qui s'étalent dans les matières sonores, n'échappe aux règles et contraintes imposées par les concepts sous-jacents.
D'aucuns bouffeurs de basses diront bien sûr qu'il se perd dans un labyrinthe de miroirs abscons et que les beats qu'il produit riment de moins en moins à quelque chose, mais ils n'ont pas dû bien écouter les disques. Extrapolation fascinante et dégondée du tout rythmique de son précédent A/B Til Infinity, son nouveau Transfer of Energy plus spécifiquement est bel et bien un labyrinthe de verre et de surfaces métalliques réfléchissantes, mais tendu à l'auditeur et conçu avec une rigueur et une maestria d'architecte démiurge.
Evidemment hantée par le spectre trans-europe-expressien (on n'invoque pas le mot "miroir" et les percussions métalliques impunément), c'est, comme Terminator 2 et quelques classiques techno parmi les plus imperturbables (au hasard, l'Internal Empire de Robert Hood) une oeuvre obsédée par la matière et les éléments rares, qu'ils aient été conçus par 3 millions d'années d'accrétion à 200 mètres sous la Terre ou par un scientifique muni d'un laser dernier cri.
Deuxième extrait qu'on vous propose de découvrir aujourd'hui, Mirror Etched on Shards of Amethyst s'intéresse par exemple aux vertus réfléchissantes de l'améthyste, variété de quartz violet dont on peut extraire des pierre semi-précieuses à incruster dans des bijoux semi-fantaisie autant que des percussions tubulaires dignes d'une Structure Baschet ou les nappes synthétiques les plus merveilleusement profondes de ces trois derniers mois. Rendez-vous le 9 février sur Halocline Trance pour explorer les paysages inédits deTransfer of Energy dans leur intégralité.
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