Dronecast 147 38:17
Dronecast 147: Vincent Epplay
Dernier épisode de notre série spéciale Sonic Protest 2015, cette carte blanche à l'artiste visuel et sonore Vincent Epplay ne pouvait pas être une mixtape comme les autres. En avant-goût à sa performance du 10 avril aux côtés d'Islam Chipsy, le collecteur de sons parisien nous offre une extension inédite de son projet Azurazia, projet de bande-son imaginaire imaginé par Nicolas Moulin, boss de Grautag Records et élaborée avec Pharoah Chromium et Arnaud Maguet qui entend nous faire voir à quoi ressemblerait un Sahara irrigué par les eaux de la Méditerranée. Une fois n'est pas coutume, c'est le "bon voyage" plutôt que la bonne écoute qui s'impose.
30 Mars 2015
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Nom / âge / ville: EPPLAY, 102 ans, Paris
Maison Mère: PPT/Stembogen, Brocoli, Mogador
Premier souvenir musical: Horde Catalytique Pour La Fin
Dernier site visité: viplayland.net
Dernier disque acheté / téléchargé: MDLV de Jac Berrocal
Au travail sur: la Mnémotechnic musicale films et sur un double LP pour Grautag Records
Texte de présentation du Dronecast, par Vincent Epplay:
Morocco Escape & Mogador mixtape.
"Les mixes de cette non-playlist sont les restes d’enregistrements inédits faits lors de plusieurs séjours en territoire marocain entre 2011 et 2012. L’origine de ces sessions est une invitation faite par Nicolas Moulin (artiste dystopique et producteur des Disques Grautag Records) à trois musiciens : Ghazi Barrakat, Arnaud Maguet et Vincent Epplay. Ce projet collectif est basé sur un concept ambitieux : vider la Méditerranée pour irriguer le Sahara, opération dont le nom de code est Azurazia.
Originellement cette utopie imaginée par Herman Sörgel en 1924, fut de créer une liaison terrestre entre trois continents (Asie, Europe et Afrique) en abaissant de 500 m le niveau de la Méditerranée – vaste opération légèrement irréaliste nommée Atlantropa, qui n’a pu se réaliser faute de moyen et de réelle volonté des différents protagonistes. Après quelques nuits de palabres dans un hôtel de luxe en chantier nous décidons de prendre la route en direction d’une station balnéaire fantôme, sorte d’« éléphant blanc », perdue entre Casablanca et Essaouira, dans l’intention de partir sur un scénario plus concret: la réalisation d’un film de fiction dont la bande sonore ce ferait simultanément.
Décision prise, armés d’enregistreurs, d’une batterie de flûtes et de percussions traditionnelles faites par un luthier-berger rencontré la veille de notre départ, nous partons en direction de Casablanca. Cette ville de légende où nous imaginions rencontrer les derniers princes de la musique arabo-andalouse... Chose que nous allons vite oublier, s’aventurer dans les bidonvilles de la ville en période de ramadan nous ayant été fortement déconseillé. Dès notre arrivée, sur les indications avisées d’un cireur de chaussures, nous prenons la direction de la dernière et fameuse boutique de vinyles: Les disques Gam. Le taxi qui nous y amène ne semble pas enchanté de nous y conduire, d’un ton menaçant il nous rétorque « Vous allez dans l’antre de la musique du diable !! »... Nous entrons plutôt dans une caverne où le temps semble s’être figé dans les années 1960: des montagnes de 45T, scellés dans leurs emballages d’origine, dorment sous une épaisse couche de poussière. Les disques Gam furent dans les années 70 un label qui a produit les groupes les plus fameux comme Nass El Ghiwane, « Les Rolling Stones de l'Afrique » ; Jil Jillala, groupe folk aux rythmiques gnawi ; la chanteuse Naima Samih ; et Abdou el Omari, organiste cosmique entre Sun Ra et Klaus Wunderlich.
Après cette pêche miraculeuse de vinyles aux pochettes délavées par les U.V., nous poursuivons notre périple en direction d’Essaouira. Connue aussi sous le nom de Mogador, cette ancienne citadelle Portugaise fut un haut lieu de rendez-vous des freaks et autres tripés des années 60-70. Il y rode encore le fantôme d’Orson Welles et de Jimi Hendrix qui y aurait séjourné un temps que personne n’a vraiment déterminé. À Essaouira, temple de la musique Gnawa, musique de transe teintée de mysticisme pratiquée à l’origine par des maîtres musiciens voyants et médiums, nous avons passé une nuit de transe Gnawa au Trou, le seul bar à alcool de la ville. Nos esprits embrumés par les vapeurs de kiff, une question s’imposa à nous : Qui pourrait bien nous indiquer la route qui conduit à la tribu de Jajouka, découverte par Brian Gysin dans les années 50? Personne au Maroc ne semblait vraiment connaître son existence, ni même la musique des Masters musicians of Jajouka. Le périple Azurazia se perpétue, sous l’influence des ondes alfa, de field recordings paranormaux, et des flûtes sidérales de Pharoah Chromium, que j'espère entendre ressusciter pour cette soirée du 10 avril au festival Sonic Protest".
