Le psychédélisme, finalement, c'est comme le funk: ça a l'air fastoche, tout le monde s'y rue, et presque tout le monde s'y plante. Je n'ai pas le temps de vous dresser la liste, mais on ne compte plus les croûtes qui s'entassent devant la Porte du Paradis. Trop produite, pas assez produite, trop droguée, pas assez droguée, trop éduquée, pas assez spontanée: la musique d'ascension contemporaine ressemble 87% du temps à de la musique d'ascenseur (je préviens les collègues qui me pompent, j'ai ©opyrighté mon bon mot).
La solution de facilité existe pourtant, et Cameron Stallones nous la serine en boucle depuis qu'il a commencé à noiser: s'en tamponner, ouvrir une bud, et aller exactement à rebours de ce que préconise le Guide du petit psych rocker contemporain (édité chez nous aux éditions Marabout). Sur cette reprise totalement incongrue de la grande ballade de Rust Never Sleeps, il soloise sur sa Strat' comme un gros cochon, drone comme un Terry Riley de supermarché, hullule surtout de manière totalement désinvolte et indigne.
Parmi la foule de fans en chemise de bûcheron qui ont allongé 140 boules pour voir Pépé Neil à Bercy il y a quelques semaines, il doit donc y avoir deux bons tiers qui feraient passer un mauvais quart d'heure à Stallones s'ils le croisaient dans un bar de biker. Mais ils auraient tort de le faire. Il n'y a bien sûr pas de meilleure manière de faire honneur à un monument qu'en le retournant comme un gant, voire en lui faisant caca sur la cuisse. Là, Sun Araw fait les deux. Son machin est visqueux, branlant, mais super attendrissant. Sortie imminente en 12" sur Monofonus Press.
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