Collaborateur de Phill Niblock, Tony Conrad ou encore JIm O'Rourke, pilier hyperactif des scènes noise, Impro-libre, drone, électro-acoustique et on en passe, le musicien basé à Chicago Kevin Drumm en est devenu, en vingt ans (son premier disque, éponyme, remonte à 1997) un des noms les plus respectés. On jette une oreille à son bandcamp au débit pléthorique et rempli de pépites. So much noise, so little time.

Runtish EP (juillet 2016)

Parlons un peu de ce Runtish Ep, enregistré en en juin dernier, dédié au dramaturge autrichien Thomas Bernhard et partagé depuis quelques jours par l'artiste. Une seule pièce d'une vingtaine de minutes opère une synthèse experte de harsh noise et de dark ambient, et affiche sa filiation avec les méditations improvisées d’un Keith Rowe, fondateur d’Amm et camarade de label chez Erstwhile Records. Sons et bruits de provenances diverses sont ici patiemment déconstruits, tandis que des nappes aux atours discrets viennent ponctuer le propos. Tout ça vit et bouge beaucoup, mais disparaît subitement à mi-parcours. Nimbé de mélancolie, ce voyage étrange et heurté finit par se perdre dans la béatitude de machines qui vrombissent à l’horizon. "Runtish" (qui veut dire chétif en anglais), peut-être, mais superbe, encore.

In The Middle Of Nothing (mai 2016)

Au milieu de rien il y a quand même quelque chose : deux longs morceaux de Kevin Drumm, peut-être. Il y a beaucoup : de distorsion, de feedback, de basses, d’harmoniques. Artwork tout noir et basta, c’est pas plus mal. Disponible depuis fin mai, In The Middle of Nothing est sorti en début d'année au format cassette chez Hospital Productions, le label de Dominick Fernow (Prurient et Vatican Shadow, entre autres). Boomkat nous dit tout ça très bien en anglais : "a glacial transition from a glowing orb drone". Ladite cassette est sans doute introuvable, mais on n'a pas vraiment essayé de chercher non plus. Pour écouter tout ça, il suffit de cliquer sur ce lien. Limpide et noir pétrole.