(c) Renaud Monfourny
On ne va pas vous refaire une anthologie de la vie et de l'œuvre de Jean-Louis Costes, "roi à vie de l'underground parisien" et "musicien-performer le plus radical de l'Hexagone", car tout a tellement été dit et écrit à son sujet qu'on n'a pas envie de tomber dans le piège de la redondance en reformulant et en réanalysant les multiples exploits et faits d'armes de ce croisement disloqué entre GG Allin et Diogène de Sinope. Signalons tout de même que la simple mention de son nom est aujourd'hui, malgré les années et les déboires, plus que jamais féconde en véritables moments de grâce. Par exemple, il suffit de taper son nom sur Google, pour tomber rapidement sur le compte Twitter d'un homonyme qui, tenez-vous bien, est député Les Républicains et adepte de tweets du genre :
Plus bas on trouve même cette occurence, qui tient quasiment du miracle tant elle recèle d'ironie involontaire :
On se dit que si Jean-Louis Costes voyait ça (on parle cette fois du Alain Kan scatophile le plus célèbre de France, pas du secrétaire national des Républicains chargé de la ruralité), il se fendrait probablement la gueule à s'en décrocher la mâchoire et à en vomir son propre caca. Lui qui balançait justement ses excréments (tendance chocolat, précise-t-il) sur son public il y a encore quelques années, subissait des procès pour incitation à la haine raciale, composait des opéras "porno-sociaux", publiait un premier roman justement intitulé Viva la Merda, et créait des spectacles vivants volontiers abjects dans le but d'exorciser le Mal en le représentant frontalement, accédait en 2012 à une forme de pré-canonisation (ou d'acceptation), à travers la publication de L'art brutal de Jean-Louis Costes, recueil publié chez Exposition Radicale et témoignage de critiques d'art, d'universitaires, de musiciens et de philosophes tentant d'apporter un éclairage nouveau sur l'artiste. Dans son essai Jean-Louis Costes ou le fou qui est en nous, Yann Kerminon résumait ainsi la démarche de l'acteur/vidéaste/musicien/performer/écrivain :
"La grande activité de Jean-Louis Costes, donc, dans l’ensemble de sa vie et l’ensemble de son œuvre – livres, disques, vidéos, performances – consiste tout au contraire à exhumer la merde du fond de nos égouts, à brandir les cadavres pourris cachés dans les placards de la démocratie bonne conscience, à presser dans ses doigts le mélange de caca et de tripes qui fonde n’importe quel corps, dans l’espoir confus et éperdu de trouver au fond de ce merdier une ultime pépite d’or, une dernière trace d’amour et d’authenticité qui pourrait, à elle seule, nous rendre supportable l’idée même de survivre et de continuer."
Tout ça pour dire qu'aujourd'hui, Costes nous revient avec un album live (avec une magnifique pochette qui n'est pas sans rappeler celle de Black Zone Myth Chant), paru le 1er octobre sur les Disques Charivari, et enregistré sans chi-chi et sans bout de gras (on serait tenté de dire "dénudé") aux Instants Chavirés en juin 2014. Intitulé Le fantôme d'Archie Shepp, le disque est tout sauf un album de free-jazz, mais présente une compilation de ses meilleurs refrains joués simplement avec un piano à queue. En parlant des Instants Chavirés, il est à signaler que Jean-Louis Costes s'y produira demain soir, et qu'on est très content de voir que la soirée sera co-organisée par Chanson française dégénérée, formidable coordination de rebuts hexagonaux dont Costes constituerait un peu le parrain et le maitre à penser officieux.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.