C'est le Vangelis hippie, chemise ouverte et collier de de jade sur tapis de poils luisants qu'il faut se figurer derrière Amore. Cette bande-originale largement oubliée, la deuxième composée par le grand Grec après celle de Sex Power, a été enregistrée la même année que son premier album solo (le prog et duraille Earth de 1973), juste après la dissolution d'Aphrodite's Child et juste avant celle autrement plus fameuse de L'Apocalypse des animaux.
Autant dire qu'Evangelos Odysseas Papathanassiou était encore loin de la figure de Falstaff de synthé cosmique qu'il incarne désormais aux yeux de l'histoire de la pop quand il a composé ses thèmes : plutôt un sculpteur d'ambiance surdoué du rock progressif en quête d'aventures inédites, d'endroits opportuns où couler ses bourdons psychédéliques.
Sur Amore, il se se mettait pour la deuxième fois au service d'Henry Chapier, grand homme de culture à la télévision dont on a un peu oublié qu'il a réalisé quatre films entre 1968 et 1974 (Amore est son dernier), et d'une intrigue dont la lecture du synopsis totalement glucose nous donne illico envie de débourser 2,99 € pour le mater en entier sur le site de l'INA: "Film de fiction dont le sujet est aussi le principal interprète : Venise et le mystère qui entoure cette ville unique au monde. Un jeune architecte, Alquié, est envoyé par le gouvernement français étudier une solution pour sauver Venise des eaux." (remarque en passant à tous ceux qui penseraient en lisant ces lignes au Ventre de l'architecte de Greenaway et à la musique inoubliable signée Wim Mertens qui l'accompagnait - toppez-là, mes chéris!)
En attendant la soirée projo à la maison, on est surtout très impatients d'écouter la bande-originale d'Amore en entier, qui paraît pour la première fois en version intégrale (et largement augmentée de musique inédite issue des mêmes sessions) grâce au label du disquaire parisien Monster Melodies qui a réussi à en récupérer par on ne sait quel biais magique la substantifique moelle directement sur les bandes masters.
A l'exception du thème tristoune typique qu'on peut entendre dans l'incipit du film (embeddé ci-dessous), on ne sait en effet rien de la musique qui compose cette musique de film parmi les plus rares du maestro, rien des marques de synthétiseur qu'il y utilise ni des quantités de kitsch et de futur qui s'y entendent ici ou là. Autant dire qu'on a affaire à un vrai événement discographique, qui devrait passionner bien au-delà du cercle de ceux qui ont allumé un cierge il y a trois jours pour l'anniversaire de la mort de Demis Roussos : la parution d'un vrai inédit d'Evangelos Papathanassiou, datant très précisément de l'époque où il était en train de devenir Vangelis. Par ici la bonne soupe.
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