Commençons avec un peu de vie de bureau, si vous voulez bien. Il se trouve que Clément Mathon vient de mater le nouveau, nouveau clip de Death Grips en se demandant si ça valait vraiment le coup d'écrire encore une fois sur le groupe parce qu'on en a déjà parlé un nombre incalculable de fois et que pour l'instant The Money Store éveille plutôt à la "rédac'" une sorte d'infernale et (sans doute) insoluble perplexité que le genre d'excitation priapique qui accompagnait presque pavloviennement chaque écoute, même lacunaire et précipitée, d'Exmilitary.
A peu près au même moment, je pars sur The Fader et je reconnais immédiatement sur la page d'accueil le nom de Le1f (rien à voir avec Mr. Lif) que j'avais découvert à la rentrée dans une série de posts sur le #Seapunk, une nouvelle microscène crypto-cryptée de boucan et jpegs mêlés complètement opaque dont la durée de vie fut de 3 semaines, puis dans un article vraiment pas mal de Pitchfork sur le rap queer à New York. Le gamin sort sa première mixtape en "grandes pompes" (il est en une de The Fader, quoi) et je lis qu'il s'agit d'ores et déjà de "one of the most provocative rap releases so far this year". Plutôt passionné par le renouveau Vogue (House of Ladosha, tout ça), je me suis dit que ça serait ma came direct. Tant mieux, tant pis, Dark York comporte un morceau qui s'appelle presque programmatiquement "Gayngsta" mais c'est un objet beaucoup plus complexe et confusant que ça.
Produit par Le1f lui-même et une bande de producteurs identifiés électroniques et "audacieux" (dont Nguzunguzu, qu'on pourra voir tout bientôt à la Villette Sonique, ou Matt Shadetek, producteur nourri d'avant-garde proche de DJ/Rupture), Dark York est blindé d'infrabasses denses et acérées et fait une écoute plus proche de Sensational et de l'écurie Wordsound que de la dernière connerie cloud rap (même si les passerelles existent, surtout dans les morceaux produits par Morri$ du crew de Philadelphie Team Bar Club). Apparemment DJ à ses heures, il est du genre à ouvrir pour Boys Noize quand il va à L.A..
Surtout, le gamin est un rappeur vraiment zarbi, au grain de voix abrupt et pas facile à aimer et qui noie volontiers ses rimes dans des gros effets type reverb' lexicon comme Antipop Consortium en leur temps. Bref, je suis complètement aux choux quant à l'épaisseur et au potentiel swaggesque de cet objet chez les gens qui savent faire la différence entre "mixtape mortelle" et "grosse merde de backpacker" (désolé les amis, je manque de jargon, là), j'y capte pas beaucoup plus de chose que dans le Death Grips, mais je suis au moins sûr que contrairement au-dit Death Grips, c'est bien du rap. Ca se télécharge gratos dès la semaine prochaine chez Greedhead Entertainment et je crois que je vais l'écouter souvent.
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