S'il y a un musicien qui manque au temps présent, c'est bien James Holden. Cas rarissime (limite pathologique) de musicien-créateur-rétenteur, le boss de Border Community n'en fait qu'à sa tête face "aux disques qui n'ont pas besoin d'exister parce qu'ils existent déjà en partie ailleurs" (dixit cette notule) et à la nouvelle norme de la musique-électronique-sur-Internet où 2 mois de silence équivalent à une mort clinique. Du coup il produit peu, très peu, et c'est très frustrant parce qu'il produit bien, très bien. Outre son silence relatif de ces dernières années, la meilleure preuve en reste son seul et unique et tout riquiqui album de 2006 qui était si chiche en viande que certain hurlent encore à l'arnaque. Si seulement ces foutues 38 minutes de musique n'étaient pas si foutrement bonnes, si seulement elles ne mettaient pas tant de musique pas mal à l'amende, on aurait hurlé itou et on aurait laissé James Alexander Goodale Holden à l'histoire et aux 385 remixes trance-y progressive-esque qui l'ont fait connaître et je parie que le Monde ne s'en serait pas si mal porté. Mais voilà, elles étaient bonnes, ces 38 minutes, elles le sont toujours 7 ans après, et la progéniture (Nathan Fake, Luke Abbott, Fairmont...) a beau redoubler d'efforts pour tenir la boutique depuis, on crie famine.
Bel impromptu donc que ce "Gone Feral" débarqué sans crier me v'la et qui annonce, c'est terrible, la sortie en juin de son deuxième album studio, The Inheritors. Bricolé sur software maison et l'un de ces modules de modulaire moderne dont il est devenu l'un des posterboys (on pourra bientôt voir sa bouille dans I Dream of Wires, gros docu sur le revival de ces synthés gros commes des machines de guerre), c'est à la fois une "terry-riley-rie" comme on en entend pas mal ces temps (la plus belle est signée Surgeon) et une james-holdenerie pur sang (synthés ventrus qui bavent, émotions en ascensions) et c'est très enthousiasmant.
Entre autre bonne nouvelles qui concernent The Inheritors, on a appris que les influences de ce disque qui n'est supposé sonner ni comme les disques d'aujourd'hui ni comme ceux d'hier brassaient la musique de danse gaélique et les rituels païens de la vieille Albion (comme Nathan Fake, comme les cousins de l'hantologie) et que l'ami Etienne Jaumet jouait du saxo sur un morceau. Qui d'autre est impatient?
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