Poussez les tables, sortez le taboulé du frigo, envoyez les bouchons de champomy par-delà la stratosphère: Deerhoof a vingt ans et compte bien fêter ça indignement, comme dans sa prime jeunesse, quand il n'y avait rien à fêter à part la joie du bruit primal, les bastons dans la cour d'école et le bonheur d'être en vie, ici bas, parmi les ouvriers et les punaises de lit. Enregistré très vite fait, très bien fait dans une cave sous l'égide des Ramones et des méfaits de leur propre prime jeunesse, ce 12ème album rapide comme l'éclair ramène donc Satomi Matsuzaki, Greg Saunier, John Dieterich et Ed Rodriguez à une sorte d'enfance de leur art et de simplicité forcée, pas dénuée de douleur - le quatuor présente l'album comme un commentaire en creux sur la décadence façon Fin de siècle de notre début de millénaire - mais surtout bourrée comme un bubon d'énergie propre à renverser jusqu'à nos certitudes d'indie fans mélancoliques. Par ici la précommande!
Et en sus du stream de La Isla Bonita ci-dessous, Greg Saunier a rédigé un petit guide chanson par chanson pour vous guider pendant votre première écoute.
"Paradise Girls"
J'avais enregistré une reprise très brute (vraiment très brute) de "What Have You Done For Me Lately" de Janet Jackson que tout le monde dans le groupe s'accordait à trouver débile. Mais en mettant la bassline à l'envers, une idée de chanson est née.
I had recorded a rough (really rough) cover version of Janet Jackson "What Have You Done For Me Lately" and the band all thought it was idiotic. But when we turned the bassline upside down we started to get an idea for our own song.
"Mirror Monster"
Je suis américain. 40% de mes impôts servent à financer la machine de guerre, quand mon pays passe son temps à expliquer au reste du monde qu'avoir une machine de guerre, c'est mal, et fait semblant d'être surpris quand DAESH débarque.
In the U.S. 40% of my taxes go to the war machine which tells the rest of the world not to have a war machine and then we act surprised by ISIS.
"Doom"
John a écrit cette double mélodie de guitare façon musique des îles, et je me suis dit que ça serait parfait pour une chanson qui parlerait du paradis. Curieusement, on passe notre temps à nous dire que nous vivons dans une sorte de paradis, mais notre manière de vivre est en train de créer une prison sans issue pour les générations futures.
John wrote that island-flavored double-guitar melody and I thought it was perfect for a song about paradise. We are constantly told that we live in a paradise but our lifestyle is creating a no-win prison for future generations.
"Last Fad"
Satomi a composé la première partie sur son téléphone et ne savait pas comment la transposer pour la guitare. John et Ed ont passé de nombreuses heures à essayer, nombreuses heures pendant lesquelles Satomi n'a pas arrêté pas de rigoler. "Americanisation", autrefois, signifiait, pour le reste du monde, copier notre industrie des loisirs et nos sports; aujourd'hui, ça signifie partager les dégâts de notre crise financière.
Satomi wrote the fast part on her phone, but had no idea how to put it on guitar. John and Ed spent hours trying to get it right, while Satomi and I laughed and laughed. "Americanization" used to mean copying our entertainment and sports, now it means sharing in our financial disasters.
"Tiny Bubbles"
On a terminé cet album en deux mois, mais à moins d'être Radiohead, U2 ou Beyoncé, le déroulé pour la partie marketing/promo prend au moins 6 mois. On passe désormais plus de temps à vendre une guerre ou un parfum de soda qu'à les préparer ou à travailler sur la recette. La section finale est mon humble hommage de batteur à DJ Rashad.
We finished this record in two months, but the publicity/marketing roll-out has to be six months unless you're Radiohead, U2 or Beyoncé. More thought is put into selling a war or a flavor of soda than planning it or working on new recipes. The end section is this drummer's tribute to DJ Rashad.
"Exit Only"
Tous les groupes qui ont un jour essayé d'obtenir un VISA de travail pour tourner aux Etats-Unis savent à quel point c'est difficile d'en obtenir un. Satomi a écrit les paroles de ce morceau en pensant à l'immigration et à "l'expression de la liberté". Sur ce morceau, Satomi crie pour la première fois sur un disque depuis 1997.
Any band trying to get a work Visa in the U.S. knows how difficult it is. Satomi wrote these words about immigration and "speech of freedom". This song features the first time Satomi has screamed since 1997.
"Big House Waltz"
Satomi a insisté pour que je joue du woodblock exactement comme elle le faisait sur sa démo, et c'est devenu le plus gros défi du disque, parce que je n'ai que deux bras. Nous avons tous tout de suite adoré la mélodie de synth-guitare que Ed a trouvé. John a écrit les paroles, à l'exception du discours de Monsieur Loyal de Satomi. Ce disque, pour nous, c'est vraiment une collection de valses: de la musique danse pour une société en déliquescence, qui court à sa perte.
She insisted that I play the woodblock part exactly the way it was on her demo, and it was the most difficult part of the whole record, since I only have two arms. We all loved the synth-guitar melody Ed made up on the spot. John wrote the words except for Satomi's circus announcement. This record is meant to be like waltzes: dance music from a decadent society that is crashing.
"God 2"
Celle-là aussi, Satomi l'a commencée sur son téléphone. Elle l'a intitulée "God" et a enregistré deux versions. Ed et John et moi-même avons tous pensé que "God 2" était un titre génialement drôle et évocateur. On a même longtemps pensé appeler l'album comme ça, jusqu'à ce que la femme d'Ed suggère un titre en référence à Madonna.
Another song that started on Satomi's phone. She called it "God" and made two versions. Ed and John and I thought "God 2" was so evocative and hilarious. It was the name of our album until Ed's wife suggested the Madonna insinuation.
"Black Pitch"
On a été très influencés par "Open 24/7" - 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, le livre du journaliste Jonathan Crary, pour cet album. Il y a quelque chose d'assez rassurant dans le fait de savoir que personne n'accomplira jamais l'American Dream, et un peu d'espoir si l'on refuse de laisser Google, Facebook, Amazon et les entreprises de télécommunication accéder aux rares moments de liberté qui substistent dans nos vies privées.
24/7 by Jonathan Crary was a huge influence on the record. There is something hopeful in knowing you will never achieve the American Dream, and refusing to allow Google, Facebook, Amazon and telecom companies to have access to every free moment of your life.
"Oh Bummer"
Le moment où Ed nous a envoyé par email la demo de ce morceau, avec ces énormes guitares apocalyptiques, correspond au moment où l'album en est devenu un. Les guitares qu'on peut entendre sur le disque sont exactement telles qu'Ed les a composées. Quand nous nous sommes retrouvés dans sa cave pour enregistrer l'album, Satomi et moi avons échangé d'instruments. J'y chante et j'y joue de la basse, et Satomi joue la batterie.
The moment when Ed emailed us a demo with these huge apocolyptic guitars was when the feel of the album started to come together. The guitars on this song are exactly the way Ed wrote them. When we all got together to record the album in Ed's basement, Satomi and I switched instruments and came up with this arrangement. I sing and play bass, Satomi plays drums.
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