Dans la tradition désormais identifée de la bande L.I.E.S., L.A. Club Resource et affiliés, le premier album officiel de Beau Wanzer nous arrive donc brut de pomme sur la platine, sans titre et sans concept, sans featurings de star ni concession au cirque pop, rechignant même à s'annoncer comme "le premier album officiel de Beau Wanzer". Ben ouais, ça serait trop facile. Comme il l'annonce en grimaçant sur le titre "I Don't Even Want To", le mec a même pas trop envie d'y aller.
Assemblage d'archives enregistrées entre 2002 à 2008, ce LP sans-titre qu'on serait mal avisés d'appeler "Beau Wanzer" ou, pire encore, d'affubler telle une oeuvre sans titre dans une galerie d'un cartel avec "Untitled" imprimé dessus, tourne donc le dos à la K7 house parfois limite affable de ses maxis sur L.I.E.S. ou Russian Torrent Versions (on vous laisse compulser nos Paniers de crabes pour en savoir plus) pour offrir 14 gribouillis machiniques et collages lo-fi plus ou moins accomplis, plus ou moins abrupts, nourris au meilleur - donc au pire - de la synthwave la plus famélique, du proto-indus le plus désertique et du post-punk le plus arty.
Chris Carter, Nurse with Wound voire l'Aphex Twin des débuts sont donc tous plus ou moins présents dans le fond de l'image (grise et floue) mais on retiendra surtout de ces petits blocs de boue presque tous impossible à passer en club l'étonnante intégrité poétique qui sourd derrière la radicalité des gestes (minimalisme, refus de l'emphase, refus du poli).
Beau Wanzer a beau faire la tronche, il en a vraisemblablement assez gros sur la patate pour que ses morceaux de bravade nous passent quelque chose depuis le maelstrom - ce qui était loin d'être le cas, par exemple, des rustres missives envoyées par son collègue Delroy Edwards avec ses Teenage Tapes, dont la brutalité de façade nous est surtout restée derrière comme le crâne comme la provoc tristoune d'un ado malpoli mais un peu ridicule.
Alors on serait des mijorées, on utiliserait le mot "obtus". Mais comme on est des bad boys d'Internet à qui on ne l'a fait pas avec un déballage de noise enregistré sur une cassette, on qualifiera sans peur ce Beau Wanzer de "belle chose à ne pas mettre entre toutes les oreilles".
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.