C'est l'heure du cinquième maxi pour Society of Silence; c'est l'heure de la plongée dans l'inconnu aussi. Jusqu'ici travaillé par diverses formes plutôt balisées de la dance contemporaine (de la tech-house tendance ghetto de Belleville jusqu'à la techno deep houseuse à la Innervisions), le duo de Nicolas Villebrun et Benoît Legrain fait en effet avec To the Maggot un maxi tellement brumeux et ésotérique qu'on verrait bien une édition cassette craspec sur Opal Tapes, accompagnée d'une nouvelle traduction de L'Enfer de Dante.
Si on a autrefois écrit que "tout coulait de source" dans la musique du duo, on pense donc aujourd'hui tout le contraire puisque rien ne tourne tout à fait normalement dans ces trois tranches de techno instable, anxieuse, dont toutes les parentés ont quelque chose de pété: les matières filtrées jusqu'à l'hélium de Basic Channel, les mots en errance d'Isolée, Konstantin Raudive et les chasseurs d'EVP... Là où pulsaient autrefois les basslines conquérantes, on ne trouve plus que grooves assommés; là où s'étalaient les rêves de jazz intergalactique, on ne trouve plus que des orgues en lambeaux et des labyrinthes de souffle. En fait, en y réfléchissant bien, le morceau-titre (dont google nous souffle qu'il pourrait bien avoir été inspiré par ce poème) nous évoque exactement un vieux machin de jackin house qui serait allé en Enfer puis revenu pour nous hanter, le visage défiguré, la bouche écumant d'angoisse et de matière ectoplasmique.
Bien sûr, c'est aussi très dansable - c'est même totalement conçu pour ça - mais on ne peut pas s'empêcher de penser en dodelinant de la tête sur ses grooves morbides qu'on vit une bien étrange époque. To the Maggot est disponible en vinyle et digital chez Versatile.
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