Papier Tigre : Recreation

Il s'est passé un truc cool et assez inhabituel en 2008: en un disque absolument excellent, un groupe de rock français qui ne fait pas du garage est devenu un groupe de rock tout court.
Il s'appellent Papier Tigre, ils sont nantais, ils sont vraiment très bons sur scène (comprendre, secs et crédibles) et vous les avez probablement vu passer quelque part dans votre ville parce qu'en 5 ans d'existence ils ont joué plus de 350 concerts dans plus de 20 pays différents.
Comme pas mal de leurs collègues et amis (Chevreuil/Passe Montagne, Pneu, La Terre Tremble!!!), ils vouent un culte à Touch'n'Go and co, ils jouent sans bassiste et leur batteur a la caisse claire puissante et caractérielle.
Mais ils ont aussi un petit truc en plus sur lequel on a du mal à mettre notre gros doigt, une valeur ajoutée de sauvagerie rock'n'roll qui pousse de temps en temps Clément Mathon à utiliser l'expression "Fugazi coq au vin". C'est ce qu'il a fait ce matin quand je lui ai passé "The Later Reply".
En gros, Papier Tigre est français, mais Papier Tigre est un groupe de rock plutôt qu'un groupe de rock français. C'est super rare. On les a même filmés l'année dernière à Austin.
Sur leur nouveau Recreation, enregistré chez les Américains pour faire rêver la concurrence (en l'occurence John Congleton qui joue dans un autre groupe avec le mot "papier" dedans, The Paper Chase), le trio reitère le miracle de The Beginning and End of Now. A quelques égards, à quelques moments, il le dépasse même. La musique, bien sûr, n'a (presque) pas bougé d'un iota: tension hardcore tout du long, tentations metal ou afro math à tous les coins de mesure, petites explosions pop ébahies qui passent surtout par les injonctions de plus en plus classes et décidées d'Eric Pasquereau. L'album sort aujourd'hui. Si vous ne vous êtes pas déjà rué chez votre disquaire chauve pour acheter le LP, on vous propose un petit stream à la cool.