Les termes « lo-fi » et « shoegaze » sont à la critique musicale ce que « roman-monde » et « kafkaïen » sont au journalisme littéraire : des étiquettes faciles qu'on colle de traviole sur tout et n'importe quoi avant d'aller boire des bières au Motel/du vin blanc au Rostand. Aussi, pour définir la musique du Rennais Marble Arch, on se contentera de dire qu'elle réussit là où celle d'une colonie de revivalistes bercés trop près d'une enceinte crachant du Slowdive a échoué.

Il faut dire qu'on écrit ces lignes un dimanche midi, à l'heure où les chaises du Motel sont encore collantes des Heineken de la veille et où le Rostand est désert (à l'exception de vieux écrivains mensualisés par les éditions Grasset). Le clip du morceau « Antiscript », que l'on vous montre en exclu ci-dessous, aurait pu être tourné un dimanche justement : on passe la journée chez ses parents au bord de la mer, on retrouve les vieux films de vacances, on écrit son nom sur une ardoise magique, on fait du moonwalk sur le carrelage de la cuisine et on écoute Goo de Sonic Youth dont on avait laissé le CD dans sa chambre d'ado.

Sur l'album dont est tiré ce single, on joue parfois avec le feu en lorgnant vers une dream pop facile (« In My Heart », un peu limite), mais ça ne dure jamais longtemps et les boîtes à rythme cradingues (on n'a pas dit « lo-fi ») reprennent le dessus. Le paysage ressemble ainsi plus à une station balnéaire déserte du sud de l'Angleterre qu'à une banlieue cossue de LA.

The Bloom of Division, déjà disponible en format numérique, sortira en vinyl le 15 septembre via les labels Requiem Pour Un Twister et Le Turc Mécanique. Il y a même une release party (au Motel, tiens) où l'on pourra entendre Marble Arch passer des disques et acheter le LP en dépensant le montant des frais de port dans une bière fraîche ou un Canada Dry, breuvage sans doute mieux adapté à cette musique nostalgique et régressive.