Avant d'être le projet discoïde d'un belge au regard ténébreux, le "Mugwump" appartenait à l'écriture "inconsciente" de William S. Burroughs. Mélange entre le reptilien souris-vore de V (qui m'a fait redouter les samedi après-midi sur M6) et un hippocampe, cette créature du Festin nu dont les hobbies se résument à picoler dans les bars et jouer de la cithare n'a a priori pas grand chose à voir avec le parquet lustré d'un dancefloor.

Sauf que la musique de Mugwump (le belge, cette fois) est sérieusement hallucinée. On ne sait pas si Geoffrey, de son vrai nom, tâte de l'hero avant de se mettre à ses machines, mais s'il nous cloue les petons à la piste avec ces beats 4x4 qui secouent mais pas trop, la tête, elle, il nous la met carrément dans l'Interzone. Arpégiateurs déglingués, bleeps qui couinent et nappes psychotropes, tout est là pour vous faire remuer l'arrière train à 110bpm, que vous soyez du genre à être un peu trop gourmand sur la méthédrine ou simple amateur de cocktails alambiqués.

Si j'étais rédacteur à Grazia (ce qui, au vu du salaire que me verse le zine que vous êtes en train de lire, ne serait pas pour me déplaire), je dirais qu'Unspell est cet album "smooth" et "psyché" qui convient aussi bien aux "bifaures" qu'aux "afteurs". Pour les apéros feutrés avec vos collègues d'agence de com', laissez-vous porter par les accords de guitare satinés de "Doobie Shine Trouble", ou remuez lentement la tête de gauche à droite sur la voix suave de Luke Jenner, ex-The Rapture, avec "Halo". En revanche, pour les fins de soirées bien arrosées, harcelez le disc-jokey en lui demandant "un dernier son" : la disco pop sautillante de "Until You're Worth It" (en featuring avec les norvégiens devenus trop rares Ost & Kjex) ou la ballade "Breakdown" avec ses synthés qui tanguent seront idéales pour accompagner en douceur vos derniers rejets de bile.

L'album sort le 23 mars sur le label du bruxellois Subfield, sous division de !K7, et un extrait s'écoute ci-dessous.