Autoproclamé maître de l'underground "tape throb" (que nous définissions tantôt comme cette tendance chez les producteurs de house expérimentale à "chercher leurs matières sonores sur Youtube, sur VHS ou sur cassettes de seconde main pour donner aura et épaisseurs à leurs bricolages plus ou moins inspirés"), le producteur nord-irlandais Andrew Morrison (aka Buz Luzha, aka The Cyclist) s'est effectivement fait une spécialité de la belle saturation cassette, des basslines qui étouffent sous des pieds de mille kilos et des mélodies branlantes qui ont l'air de sortir de génériques d'émission télé rippées sur des VHS enregistrées en 1986.
Sur Basslines for Life, son premier disque sous le nom de Buz Ludzha depuis le remarqué Love Repetitive Rhythmics, Morrison ferait pourtant presque oublier la verve sonique dont il est l'un des maestros. Car le son y est sale, mais il y est surtout beau, et semble moins servir de béquille esthétique (le bruit remplit facilement le vide) que de machine à voyager dans le temps.
Vers quelle époque ? C'est précisément le fait qu'il nous soit impossible de trancher entre 1984, 1993 ou 2003 qui rend la house music de Buz Ludzha si contemporaine, intrigante et agréable à s'infliger. Dans "Asteroid" et "Vibradreams", les deux extraits ci-dessous, on entend de la deep house, de la fidget, Plastikman, Tiga, "Careless Whispers", Moby, Kink, une saloperie tech house, My Bloody Valentine et les musiques d'interlude de La Fête à la maison. C'est furieusement de maintenant, ça sort le plus naturellement du monde sur 100% Silk et on demande 7 mois de réflexion aux grandes instances décisionnaires de la critique pour se prononcer une bonne fois pour toutes sur ce que ça vaut au-delà de choses très agréables que ça nous fait au toucher.
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