Coyote Clean Up: Awesome Luv

Le gars derrière Coyote Clean Up définit sa musique comme de la "headphone house", de la house à écouter au casque. Du point de vue du dogme, songeant à l'endroit, au contexte et aux nécessités qui ont vu naître la house music, on pourrait se dire que la proposition tient du sacrilège, voire du contresens. L'histoire pourtant nous indique que le contresens est le fait des inventeurs de la house eux-même: dès 1985 et sous l'impulsion unique et arbitraire de Larry Heard, la house a commencé à se soucier très sérieusement et envers tout bon sens dancefloor-ologique de mystères, de profondeurs et des états gazeux de la matière. Et c'est grâce à ce geste étrange que la house a pu, sinon passer à l'âge adulte, prendre conscience des mille et une facettes de son étrange pouvoir sur les corps, les nerfs et les cerveaux.

Outsider par l'âge et le minois, Christian Jay Sienkiewicz a eu la "veine" de grandir et Detroit et d'aller aux beaux-arts avec Jimmy Edgar qui, à l'époque, organisait des grosses fêtes avec Juan Atkins ou DJ Assault (source). Découvert avec un remix dub de Peaking Lights, il revendique aussi l'influence de My Bloody Valentine. Très 90s et très pluvieux, le premier extrait de son premier LP à venir sur 100% Silk - label de "house à écouter" s'il en est - évoque donc en premier cette house arc-en-ciel qui était à rêver autant qu'à danser et qui déteignait sur tout (rock, pop et bruit) à l'époque où l'ecstasy était la drogue de choix du monde entier.

Avec tous ses "2" pour "to", ses "Luv" pour "love" et ses "4" pour "for" dans le tracklisting, 2 Hot 2 Wait suggère aussi que ce jeune Américain malin a beaucoup écouté Prince et les magiques maxis de Dream 2 Science, projet du New-Yorkais Ben Cenac récemment réédité par Rush Hour après avoir passé des années à ruiner les diggers. Tout ça est un peu trop dans l'air du temps pour qu'on y mise du vrai amour, mais "Awesome Luv" est très bien et on s'y verrait bien s'y oublier dans la cave d'un bar quelque part.