Palladium Boots est une marque de gros godillots en cuir censés, selon leur slogan un peu pourri, “t’aider à explorer ta rue, ta ville ou le monde”. Là où ça devient intéressant pour nous, c’est qu’elle produit des webdocumentaires qui justement explorent la rue, la ville ou le monde.
Le dernier en date, Detroit Lives, est consacré à la Motor City. Le dumbass-Jackass Johnny Knoxville part à la recherche des fantômes du passé pour mieux évoquer le bouillonnement culturel présent. Fleuron de l’industrie automobile US pendant la première moitié du XXème siècle, Detroit connait une longue et lente agonie à partir des années 70: crises économiques, détériorations urbaines, tensions sociales et raciales lui valent le surnom de Death Of The American Dream.
Mais l’histoire de Detroit transpire autant l’huile de moteur que la musique. Berceau de la Motown et de la Techno – via, entre autres les illustres Derrick May, Juan Atkins et Kevin Saunderson -, la ville s’est imposée comme un véritable vivier, que ce soit dans le gros rock qui tache (MC5, The Stooges), le hip hop (D12, Eminem, Proof) ou encore le hardcore (The Meatmen, Negative Approach).
Detroit Lives nous fait découvrir, entre autres, les ruines du Eastown Theater, salle mythique qui accueillit entre 1969 et 1973 l’ensemble de la scène locale: Alice Cooper, Ted Nugent, Mitch Ryder & the Detroit Wheels, The Frost, etc. Le 6 juin 1969, sur les planches du Eastow Theater, The Stooges ouvraient pour le MC5. La belle époque, en somme.
Mais Detroit Lives ne se contente pas simplement de pleurer sur le passé. La principale question du docu est “qu’est ce qui se passe aujourd’hui à Detroit?” Pour y répondre, Knoxville rencontre ces gens qui se battent vaille que vaille pour maintenir la pulsation culturelle de la ville. On y rencontre un plasticien (Chris Turner), un organisateur de soirées, des promoteurs immobiliers, des stylistes (Bethany Shorb, Angela Mc Bride), le MC Black Milk et le groupe garage The Dirtbombs.
Ce beau petit monde s’est gentiment réapproprié Detroit et prend un malin plaisir à réhabiliter les friches urbaines en lieux de culture multi-usages. Par exemple, les geekos-nerdies d’Omnicorpdetroit ont transformé le vieux Eastern Market en hackerspace. Ou encore la plasticienne Katherine Craig qui fonde en 2009 les Northend Studios dans un grand immeuble crados. Workspace, galerie, salle de répèt’ et de concert, dancefloor, résidence du groupe Macrame Tiger, les Northend Studios sont désormais un joyeux foutoir artistique.
Voila, de toute façon le message du docu est dans le titre, Détroit vit. Cela reste étonnant de se le faire expliquer par un couillon maso et une marque de pompes, mais on ne peut que valider l’initiative.
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