(c) Sébastien Alouf
Dans sa Critique de la raison cynique, le philosophe allemand Peter Sloterdijk a décrit les cyniques modernes comme suit : "À la limite de la mélancolie, ils peuvent garder sous contrôle leurs propres symptômes de dépression et ainsi maintenir leur aptitude au travail, quoi qu’il puisse arriver..."
Mais s’il a compris que tout était vain, Régis Turner est-il pour autant un bourreau de travail ? En tout cas, le jeune homme dégaine des mélodies tristes à la vitesse d’une fraiseuse : "Je veux bien travailler, c’est déjà ce que je fais." Mais ne vous y trompez pas, il y a quelque chose de moins trivial dans sa musique que les cliquètements des 3/8. Régis Turner est une âme sensible, qui a simplement eu le cœur brisé, puis arraché, et enfin piétiné. Un truc bien violent qui laisse à jamais des séquelles. Alors il a surtout besoin de se soulager. En racontant combien il a souffert, et en assumant parfaitement son statut de victime, loin des relents de testostérone qui obligent les garçons à faire face dignement à la rupture. Régis, lui, a "chouiné, chialé" quand l’être aimé est parti, à penser à l’absente de façon quasi obsessionnelle. Ses pensées incessantes forment des loops lancinantes. Ses sanglots longs sortent de deux petits claviers cheap. Et ses boîtes à rythme dissonantes sont la métaphore des battements de son cœur à l'arythmie malade.
L'album de Regis Turner Compte sur Moi est disponible sur le Bandcamp du label Le Syndicat des Scorpions, mais également chez Indian Redhead Records et AB Records.
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