Le cul entre deux chaises, l’une sous sa table de cours de philosophie politique, l’autre dans son home-studio vintage, John Maus est une énigme. Une heure passée en sa compagnie à le cuisiner sur ses différents projets, sa vie d’universitaire et ses lives/performances pour le moins déstabilisants n’y a rien fait: on reste toujours aussi dubitatif face au bonhomme.
Pour ceux qui le découvriraient à l’instant, et seraient donc encore plus perdus que nous, quelques repères. Né à Austin, dans le Minnesota, en 1980, le petit John est assez rapidement confronté aux réalités politiques du monde lorsque, en 1985, débute dans sa hometown la grande grève de l’usine Hormel, restée dans les annales US comme l’un derniers coups d’éclats des syndicats de travailleurs américains, depuis moribonds.
Quel rapport, outre géographique, avec le camarade Maus, nous demanderez-vous ? Il se trouve que Papa Maus prend une grande part au conflit, non pas comme manifestant, mais bien comme avocat des grévistes qui, notons-le au passage, réclamaient principalement de meilleures conditions de travail, leur usine à viande étant notoirement célèbre pour les accidents fréquents s’y produisant.
De là à y voir les prémices de l’intérêt de John Maus pour les sciences politiques, il n’y a qu’un pas que nous sautons allègrement. Mais, s’il a gardé au coeur de ses préoccupations tout ce qui touche à la philosophie politique (il termine un doctorat sur le sujet et a, par ailleurs, enseigné durant deux ans à la faculté d’Hawaii), il s’en est, entre temps, trouvé une nouvelle: la pop music.
Envoyé au lycée à LA à la fin des 90′s, il rencontre Ariel Pink, qui l’abreuve de disques et le pousse à se mettre à la composition tout en l’embauchant comme clavier dans son Haunted Graffiti naissant.
Se prenant au jeu, John Maus enquille deux albums à la chaîne, Songs (en 2006) et Love is Real (en 2007), pleins à craquer de pop songs regorgeant de claviers 80′s. Repéré, notamment grâce au titre Maniac et à sa vidéo cheap au gros potentiel viral, il se retrouve engouffré dans la hype lorsque Panda Bear l’embauche comme keyboardist à son tour.
Décalé, se produisant seul sur scène, où il éructe de la reverb sur les bandes de ses titres tout en gigotant comme un damné, il gagne ses galons de chouchou de l’underground pointu. Mais cette médaille a un revers, et ce milieu si prompt à l’adouber a également vite fait de le classer dans la catégorie “zozo-rigolo-qui-parle-vite-et-beaucoup“.
Une étiquette plutôt réductrice quand on connaît un peu la profondeur du garçon. Mais bon, c’est vrai qu’il s’exprime bizarrement…
Son troisième album, We Must Become the Pitiless Censors of Ourselves, doit voir le jour le 27 juin prochain. A en croire le principal intéressé, ce sera la dernière fois qu’il fera dans la pop la plus brute. Prochain objectif: s’ouvrir à l’expérimental qui, jusque là, le faisait fuir. “J’ai atteint un mur avec ce disque, je me suis retrouvé avec un condensé des deux précédents, et ce n’est pas ce que je voulais“, nous a-t-il confié. Il ira donc désormais chercher ailleurs.
Un choix à son image: radical, déstabilisant et foutrement intriguant.
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