Pinch: Missing in Action 2006-2010

A chaque fois que je lis ou que j'entends une blague sur le dubstep, je pense à Pinch. Chaque matin que le Créateur inflige des nouveaux supplices brostep aux Pères du genre, les wobble basses deviennent un peu plus durs à entendre et le Bristolien doit avoir un peu plus de mal à se reconnaître dans le miroir. Tout avait pourtant bien commencé: c'était l'année 2007, Britney Spears s'apprêtait à sortir Blackout, les médias pop commençaient à peine à s'intéresser à cette nouvelle mutation du UK Garage un peu plus palpitante que les 3 dernières et Robert Huw Ellis, auteur du hit de la scène "Qawwali", était parmi les premiers à tenter l'aventure album avec Underwater Dancehall. La sound signature rigoriste et tout en clairs obscurs du gars ne donnait pas envie de se fendre la poire mais l'avenir semblait radieux.

5 ans, un Skrillex, un Magnetic Man et une révolution pop aux USA plus tard, que reste-t-il de ce blueprint de wobble en suspension et patterns rythmiques merveilleusement abscons? Sorte de fil tendu au-dessus de l'histoire, la petite anthologie Missing in Action compile faces A et faces B de maxis, remixes et versions VIP et répond presque joyeusement à la question: il reste presque tout et presque rien n'a changé. Classiciste involontaire dans une patrie électronique où le trend following est un sport national (post-dubstep, combien de retournements de veste commis en ton nom?), Pinch a certes fait quelques concessions au devenir technoïde de la bass music (voir son Fabric mix de l'enfer) mais ce qui ressort en plus gros traits de cette compil' et de ses autres maxis récents ("Swish", quelqu'un?) reste sa fidélité sans failles au plus vieux cahier des charges de la scène. C'est beau, c'est noir, ça nous ficherait presque une petite larme au coin de l'oeil pour 2006, ce moment pourtant plutôt morne de la musique électronique qu'on ne pensait pas regretter si vite.