L'annonce de la sortie du premier album de Pearson Sound courant novembre fut sans doute la première nouvelle musicale importante pour 2015. Pourquoi importante? Parce que Kennedy fait partie des quelques artistes réellement majeurs à avoir émergé de la soupe primordiale de la musique électronique des années 2000 et que ça doit faire cinq ou six ans qu'on attendait qu'il passe à l'acte.
Le souci pour ses fans (pas si nombreux mais tous très sympas et très bien habillés, d'après une enquête béton du Guardian), c'est que l'Anglais est plutôt du genre moine atermoyant un alignement propice des astres sous un figuier que jeune loup prêt à tout pour faire grossir son cash flow en enchaînant les sorties à tous les vents. Depuis qu'il a cessé de sortir des disques sous le nom de Ramadanman précisément (en 2010), il est passé pour de bon des bangers mensuels aux mets délicats façon kaiseki servis au compte-gouttes sur la table basse, égrénant discrètement des prototypes sévères mais toujours justes, toujours audacieux de dance raccornie et existentialiste, qui contentent au moins tous ceux qui les ont écoutés une fois en entier.
Pas mal fans depuis pas mal de temps, on applaudit d'autant plus la vraie initiative qu'est ce premier album éponyme qu'il est moins un récapitulatif de 10 ans de recherches intensives autour de l'art exigeant de la bass music - son premier matériau - qu'un vrai disque-système, élaboré selon un modus operandi très précis ("A lot of it was made by feeding the the same sounds between two different pieces of equipment and they'd end up feeding back between each other and snowballing") mais surtout très souple, permettant toutes les audaces derrière le fruste et le minimalisme forcenés.
Si Pearson Sound le disque évoque quelque chose de récent, c'est en premier le Black Light Spiral de son cousin Untold, également élaboré selon un processus technique maniaque et sans penser à un quelconque plan de carrière, ou à quelques pépites systémiques de la grande époque de la techno: Internal Empire de Robert Hood, A et B de Pan Sonic, les trois premiers Pole, la série des Concept de Richie Hawtin et Thomas Brinkmann... C'est mental, c'est sévère, c'est dansant, c'est sans doute grand - ça sort le 9 mars sur Hessle Audio et c'est sans doute le premier grand disque électronique de 2015.
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