Le festival Sonic Protest se clôt ce week-end à la Marbrerie de Montreuil. Outre Wolf Eyes, Golden Oriole, Scorpion Violente, Djburzum@Ikea et Mariachi on fire qui feront également le déplacement, on souhaite se concentrer ici sur trois groupes en particuliers, qui portent une vision bien à eux de la fête début de siècle, où les instruments tradis et l'attirail électronique voisinent dans le temps long, voire très long.
Cantenac Dagar, c'est un peu d’Inde au banjo, agrémentée de percussions soufflées dans un micro et d’un appareillage électronique vieille école. Ayant le souci de restituer fidèlement les impressions récoltées dans sa migration sans fin, le duo se lance dans des plages extatiques, pleines d’aventure et qui durent longtemps. Pas de looper, c'est eux qui le disent, mais pas mal de circularité quand même. On ne sait ni d’où ça vient vraiment, ni si ça va quelque part, mais ça sera là samedi, c'est sûr.
Longue haleine toujours chez La Tène, qui combine harmonium, vielle et percussions, et découpe avec ça des blocs de temps qui ne veulent pas finir. Le groupe entrouvre une porte qui nous sépare du passé le plus lointain (la civilisation de la Tène, Second âge du fer, prospérait en Europe un peu avant l’arrivée des romains avec armes, aqueducs, bagages) et se tient en vibrant sur le seuil. Quand au son chaloupé qui nous parvient par ce tympan là, il y de quoi vouloir s’y fondre en jubilant vraiment.
Orgue Agnès enfin (soit un Opéra Mort et deux Kaumwald), qui évolue à l'évidence dans un monde parallèle : dans une galaxie lointaine, les cœurs chavirent sur leur passage et tous leurs morceaux cartonnent, poussés par des Dj’s soudoyés en coulisses. Pour nous, c’est un peu différent mais pas moins cool ; le son fourmille joyeusement, il y a un violon gratté comme une mandoline, un chanteur qui sait se faire lyrique dans sa langue saturée, un batteur au milieu, et tous se tiennent près de leurs effets/ synthés, hochant la tête en cadence du début à la fin.
L’observateur qu’on n’a pas prévenu s’interroge à bon droit ; qu’est-ce que c’est que cette musique ? Utile au voyage, et bariolée comme une vieille bagnole retapée des dizaines de fois, véhiculant une certaine idée du temps qui passe. La proverbiale "région continue d’intensités vibrant sur elle-même, et qui se développe en évitant toute orientation sur un point culminant ou vers une fin extérieure", comme disait l’autre, c’est sans doute quelque chose comme ça ; un festival de blazes revêches et pas mal d'ondes de chocs sonores.
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