Que ce soit dit en premier, les deux trucs le plus chouettes qui concernent cette chanson du groupe danois Halasan Bazar sont son clip et le fait que le chanteur Fredrik Eckhoff chante totalement faux, pas moins d'un huitième de ton en dessous de l'accordage général (et approximatif) des instruments qui font l'instrumental.
Pour le clip, l'attraction s'explique fastoche: une ou deux archives riches en incongruité et en aura, de l'animation grattée sur la pellicule et un clown triste qui se verse un plat de pâtes sur la tête filmé à la Bolex, le troussage est malin, hanté et diablement bien fait, si diablement fait de fait qu'on moins l'impression d'être devant internet au bureau que devant un épisode de120 Minutes, un soir de 1993, confortablement affalé dans le vieux canapé du salon de papa-maman. Pour le bonheur du chant perdu entre deux demi-tons, c'est un truc que les moins de 20 ans qui n'ont jamais été amoureux de Stephen ou Katrina des Pastels ne peuvent pas comprendre, un retour de flamme enthousiasmant de cette époque où les jeunes du rock indé chantaient faux non seulement parce qu'ils ne pouvaient pas faire autrement mais surtout parce que c'était le truc le plus transgressif que pouvait s'offrir un jeune songwriter libre dans sa tête pour foutre la honte à l'establishment.
Pas des débutants dans l'absolu puisqu'ils ont sorti une cassette l'année dernière, Halasan Bazar sont sans doutes des jeunes gens huppés et cultivés plutôt que des agents provocateurs prêt à en découvre avec Pitchfork l'opinel entre les dents; il n'empêche, ce "Sometimes Happy, Sometimes Sad" déjà relayé par d'autres magazines de qualité touche juste jusque dans la texture des tambourins. On espère que tout Space Junk, qui sort demain sur Crash Symbols, sera aussi bien mal fichu et aussi bien.
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