Ça fait à peine trois semaines que je travaille dans les bureaux de The Drone, mais j'ai déjà peur d'arriver à bout de l'utilisation du préfixe "post". C'est pas de ma faute, c'est la faute à 2016. C'est la faute surtout à toutes ces musiques qui se prétendent "futuristes" et qui peuvent effectivement prétendre l'être tant l'hybridation et la violence des sons qui les composent nous sortent de nos routines d'écoute quand on les écoute d'une oreille pas trop distraite.
Pour faire simple, Divine Herba, c'est du post-grime futuristico-écologistico-mécanique. Néanmoins, nom compliqué ne signifie pas nécéssairement musique compliquée. Il nous plairait aussi bien de nous trémousser sur cette tape étrange devant les enceintes pourries d'un squat craignos d'Aubervilliers qu'en l'écoutant au casque en imaginant les couloirs du métro tapissés de murs végétaux et équipés de distributeurs de bouteilles en plastique recyclé.
De long en large, Divine Herba semble être le projet d'un ultra-geek ultra-boutonneux et ultra-myope qui a passé trop de temps les volets fermés devant son écran d'ordinateur et ses synthétiseurs qu'en tenue de surf sur la plage de Bondi. Le bandcamp de l'album nous indique qu'il est édité par "Eco Futurism Corp", patronyme d'une organisation énigmatique située à Sydney et qui n'est pas sans rappeler le dogmatisme de ce cher Skynet, par exemple. Chaleur cuisante, pays pollué (le trou de la couche d'ozone, c'est là-bas), territoire encore dépendant de sa majesté la Reine (on suppose que cela explique les influences grime de l'album), seule l'Australie pouvait être le berceau d'un cocktail aussi survitaminé.
L'album n'est pas à l'image de ces éco-cités qui font rêver actuellement aussi bien Cécile Duflot que les investisseurs chinois intéressés depuis peu par les modèles de développement qui font la part belle à l'écologie, mais à travers une production qui fait entendre une complexité de sons juxtaposés en polyphonie montre une vision hyperréaliste de ces utopies. Dans cet assemblage qui surabonde d'éléments sonores parfois dissonants, la mélodie est souvent absorbée par l'intrusion de nouveaux éléments, comme autant d'obstacles qu'aujourd'hui l'homme contemporain se doit de surmonter. Ça nous aidera peut-être à mieux surmonter l'enfer du métro, qui on l'espère aura un jour une déco aussi post-new age que celle de la ligne 14.
Pour écouter l'album, c'est ci-dessous. Pour vous le procurer, rendez-vous sur la page bandcamp d'Eco Futurism Corp. Pour en savoir plus sur cette nébuleuse écologique, allez faire un tour sur le tumblr de ces adeptes du vert.
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