Dans le trip hippie-cyber-punk-fraggle-déglingos, on aime bien se rassembler en des endroits reculés : 61 000 culs nus et traînes de locks blondes se sont amassés la semaine dernière à Black Rock City (la ville temporaire du festival) au fin fond du Nevada pour le fameux Burning Man Festival. On vous rappelle qu'ils n'étaient que 20 autour d'un feu de camp pour leur premier essai.
L'édition de cette année déclinait sa liturgie dans le culte du cargo : un ensemble de rites apparus en Mélanésie (un archipel au nord-est de l'Australie) en réaction à la colonisation, prenant la forme de mimes maladroits des comportements des colons par les indigènes. En imitant les opérateurs radio américains et japonais qui commandaient les livraisons de vivres et de matériel, ces derniers espéraient en obtenir les mêmes effets - les attribuant à des faveurs divines à défaut de se figurer les modalités des sociétés industrialisées. En vain. Les rites du culte du cargo consistaient ainsi en la construction de fausses pistes d'atterrissage ou de radios en bois.
Réinseré dans un contexte moderne et réinterpreté par les Burners, le culte du cargo rappelle que nous, petits êtres ignares empêtrés dans notre déterminisme technologique, accueillons à bras ouverts les innovations de nos modes de vie industrialisés sans en connaître les rouages. Et négligeons de les questionner. Le Burning Man de cette année reformulait ainsi un énième retour à l'état de nature comme un rappel à notre confortable ignorance. Petite galerie commémorative.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.