De Gold Panda, on ne connaîtra que le prénom, Derwin. Sa fiche Wikipedia est persuadée qu’il s’appelle vraiment Derwin Panda, mais on va dire qu’on a un petit doute quand même. Le mystère reste donc entier. D’une discrétion et d’une timidité à toute épreuve, l’animal n’est pas du genre à avoir l’autobiographie facile. Certes, à 31 ans et avec tout juste un LP et une poignée d’EPs/remixes/tracks à son actif, il est bien loin d’avoir atteint la “Tom Waits Zone”, ce combo convoité par bon nombre d’artistes, autorisant les rares qui survivent suffisamment longtemps pour l’atteindre à se vanter d’avoir un parcours à peu près aussi long et sinueux que leur discographie. On en recause dans 30 ans, donc.
Mais, ça ne veut pas dire qu’il n’y a rien à raconter sur les jeunes années du producteur anglais. Au contraire, d’ailleurs. Car, un élément, principalement, est à mettre en lumière : le fait qu’il n’ait absolument aucun regard nostalgique sur elles, et qu’il confesse même avoir détesté son enfance et son adolescence. Étonnant, d’autant plus que la critique, dès que Quitters Raga, son premier succès, a fait le tour du Net, s’était empressée d’en vanter le caractère nostalgique, avant d’en remettre une tartine à la sortie de Lucky Shiner l’an dernier.
D’ailleurs, pour une fois, ne soyons pas trop durs avec nos petits camarades, puisque même les fans s’y sont trompés : il n’y a qu’à voir la désormais fameuse vidéo amateur de Quitters Raga, adoubée par Gold Panda himself, pour s’en rendre compte. Grain super-8, ambiance « jeunesse-éternelle-si-vite-évanouie », si ça ne pue pas les regrets, mes enfants, je ne m’y connais pas.
Comme quoi, on a beau mettre des tombereaux d’obsessions bien précises dans sa propre musique, on viendra toujours vous y coller un truc qui n’a rien à voir. Cela dit, ça ne désespère pas non plus l’ami Panda, dont les autres centres d’intérêt ont tout de même fini par accrocher l’oreille de ses admirateurs.
Et s’il fallait n’en retenir qu’un, ce serait bien évidemment l’Orient. Grand-mère est indienne, elle s’appelle Lucky Shiner (oui, ça balance un peu plus que Germaine Lagadec, on est d’accords), Monsieur collectionne les disques obscurs de musiques du monde, connaît tout Akira par cœur et a poussé le goût pour le Soleil Levant jusqu’à apprendre le Japonais.
Il a même vendu l’intégralité de ses disques de gangsta-rap pour se payer un aller simple pour Tokyo, ça n’est donc pas casual du tout, vous l’aurez compris.
C’est là-bas qu’est réellement né Gold Panda. Il partage en effet à l’époque un appartement avec un ami de sa famille: le producteur Phil Wells, mieux connu des fans de Techno qui tape fort au travers de son duo, Subhead (au sein duquel a un temps officié Jamie Lidell). C’est lui qui pousse le jeune Derwin, un peu paumé dans sa tête, à cesser de dire qu’il aimerait bien faire de la musique pour mieux commencer à s’activer derrière ses machines. Ce n’est cependant que suite au décès, en décembre 2007, de Phil que Gold Panda prend une tournure concrète et que les prémices de Lucky Shiner sont mis en boîte.
Ce qui nous amène aujourd’hui. Un an pile-poil après la sortie de son premier, et magnifique, LP, Derwin plancherait sur un nouveau disque. Un morceau inédit baptisé An Iceberg Hurled Northwards Through Clouds, et composé pour son DJ-Kicks, a récemment prouvé qu’il ne perdait pas la main. On compte donc bien en reparler très vite. Quant à savoir si d’ici là il aura étoffé sa biographie de quelques hauts-faits, c’est une autre histoire…
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