De prime abord, on ne dispose que peu d'informations concernant le producteur d'Atlanta 10th Letter, si ce n'est qu'il a déjà sorti une pelletée d'albums et que Discogs ne répertorie qu'un EP, Somewhere Else, sorti en 2010. Il suffit de scroller un peu le compte Twitter de notre ami, où, entre 2, 3 banalités d'usage (suis ton instinct, ce genre de trucs), on apprend qu'il montre de l'intérêt pour Don Cherry, Gil-Scott Heron, l'afrofuturisme, la drogue et Tame Impala, pour se dire que Jeremi Johnson fait indéniablement partie de cette Add generation, pour parler de ceux qui multiplient les casquettes et qu'on n'arrive pas trop à ranger dans une case précise. Car lorsqu'on écoute son nouvel album, Portals & Compasses, on se dit que son travail fonctionne plutôt par synesthésie, tant les sons déployés ici et là évoquent des explosions de couleurs kaléidoscopiques et invitent au voyage intersensoriel. On ne sera pas d'ailleurs pas surpris d'apprendre que Jeremi Johnson se considère comme plasticien autant que comme musicien, qu'il a évolué sur les bancs de l'Art Institute of Atlanta (où il a étudié le design graphique et le cinéma), qu'il aime la DMT, l'ayahuasca et fumer beaucoup de weed.
La paternité la plus évidente de la musique de 10th Letter serait à ranger du côté de Flying Lotus, mais sans l'ambition un peu délirante du boss de Brainfeeder, ce qui la place d'emblée sur des dispositions infiniment plus digestes, et, osons le mot, FUN. On s'étonne au premier abord qu'il ne soit pas signé sur le label de Steven Ellison, aux côté de Samyam, Thundercat ou Gonjasufi, puis on se dit que la musique de 10th Letter porte en elle quelque chose d'un peu trop âpre et sauvageon pour figurer aux côtés de l'abstract hip hop / jazz un poil révérencieux de la maison de son compatriote. S'ils partagent certes les mêmes creusets cosmiques et sidéraux, 10th Letter est quant à lui signé sur Harsh Riddims, structure locale à cassettes d'Atlanta infiniment moins ample, mais autrement plus instinctive que celle qui se fait chez les cousins de Los Angeles. Ça ne sortira probablement pas d'un cercle de happy fews, et il y a peu de chances que 10th Letter fasse un jour un featuring avec Kendrick Lamar ou A$AP Rocky, mais cela ne nous empêchera pas d'apprécier Portals and Compasses pour l'album qu'il est : une collecton de tracks cosmiques à chérir tout seul, entre deux séances de méditation transcendantale et de cours d'astronomie sous psilocybine.
Portals & Compasses sera disponible à l'achat à partir du 21 septembre sur Bandcamp.
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