- DJ Taye, DJ Paypal, Taso, DJ Tre and Durban : tous sont sur VIP, la nouvelle compilation gratuite du label Teklife, qui témoigne de la santé éclatante de la chose footwork, décidément pas prête de mourir ou de baisser la garde, en tout cas pas sous le patronage de ces sales gosses qui ont le culot de reprendre la scie reggae "Bam Bam" de Sister Nancy quelques mois après Kanye West et en parvenant à rendre la chose à la fois miraculeusement dangereuse et un petit peu rafraichissante.

- Le nouveau morceau et l’éternel retour de Nine Inch Nails (et le cas Trent Reznor en général) divisent tellement la rédaction de The Drone qu’on se permettra juste de laisser en suspens cette seule et unique question : c'est quoi au juste le rock industriel des origines ?



 - Parmi l'avalanche de morceaux anti Trump qu'on a pu se fader cette année, peu ont réussi à nous faire dépasser le seul stade du haussement de sourcil un peu embarrassé. Pour tous les YG, toujours au top, on a dû se farcir des Vampire Weekend,  Arcade Fire ou Death Cab For Cutie - soit des trucs franchement pas très ragoûtants. Heureusement, Dedekind Cut et Yves Tumor (accessoirement auteur d'un des albums de l'année passés trop injustement inaperçus), ont lâché pendant les fêtes une mixtape un peu pétée, vraiment malaisante et pleine de mauvais goût, qui dit selon nous bien plus du bordel ambiant qu'une folk song aux intentions des plus bienveillantes.




- Julia Holter lance une nouvelle collection de lives édités par Domino, son label. Rien de bien révolutionnaire puisque les artistes sont simplement invités à enregistrer en live et dans une formule épurée une sorte de best of de leurs morceaux. Ce "So Lilies" voit la petite surdouée de la pop intello américaine troquer les synthés et les kicks fragiles pour des jolis sons de clavecins. Une bonne façon de rendre justice au talent d'écriture de l'Américaine même si on craint que la démarche soit un peu soporifique sur la durée d'un album. 



 - Après son maxi Princess sorti cette année et qui nous avait plutôt pas mal renversés, Abra est revenue pendant les fêtes de fin d’année avec un nouveau morceau sous le bras, porté par des lames de fond plus lourdes qu'à l'accoutumée. Si son r’n’b hybride et mouvant est toujours sexy, cette fois, le geste est ramassé et bien plus compact, ce qui rend la musique de la jeune femme d'Atlanta de plus en plus trainante, languissante et cafardeuse. Et donc peut-être encore plus intoxicante. 



 - Après la réédition l’année dernière de Day Of Radiance et le revival new age de ces dernières années, il n'est pas étonnant que certains capitalisent sur Laraaji, intronisé nouveau père spirituel de cette mouvance là, et qui a notamment avec des types comme Sun Araw. Cette fois, c’est Soul Jazz Records qui se charge de la réédition de Celestial Vibration, premier véritable album de l’Américain cosmique. Ça sort le 17 février prochain sur Soul Jazz Records et on ne voit rien de mieux aujourd'hui pour lutter contre la gueule de bois post réveillon. 



- Toujours au niveau des éternelles rééditions, celle de Other People Place se détache nettement du lot. Seul et unique album de James Stinson (soit la moitié de Drexciya) sous ce pseudonyme, mort un an après la publication de cet album, aujourd’hui classique downtempo absolu mais qui était à l’époque de sa publication une rareté se dénichant par la suite sur Discogs à prix d’or. La réédition de Lifestyles of The Laptop Café permet de redécouvrir, mine de rien, un des tout meilleurs disques sortis par Warp (ce qui n’est pas rien) dont la fraicheur et la pertinence apparaissent presque aujourd’hui comme insolentes.




 - The Avalanches, après être revenus cette année après 16 ans d'absence avec un album rempli jusqu’au trognon de douceurs soul psychédéliques, nous ont refilé quelques jours après Noel une nouvelle confiserie qui colle à au palais, accompagnés cette fois de Freddie Gibbs. On ne sait pas si cette chute de studio n’a pas fait le final cut à cause des démêlés judiciaires du rappeur (même si on en doute franchement), mais dans tous les cas, cette douceur mis bande-son de film Disney, mi gâteau au chantilly sucre glace, n’a pas peur d’aller jusqu’à l’indigestion. Finalement, ce n'est peut-être pas une si mauvaise chose qu'on attende si longtemps avec The Avalanches.



- Familier des albums de Noël (eh oui), Gucci Mane revient encore et toujours pour inonder le marché de mixtapes, en saturant l'offre, comme bon rappeur post 2010s qui se respecte. Après un amuse bouche avec Zaytoven publié sur la radio de NPR, voici donc son vrai cadeau de Noêl, The Return Of East Atlanta Santa, bourré à craquer de confiseries et de pâtes d’amandes qui collent aux mâchoires, rempli à moitié de déchets et de fulgurances de génie.



 - Plus le temps passe, plus le catalogue d’Adult Swim prend du galon et commence à sérieusement avoir de la gueule. L’été dernier, sa série de l’été présentait des pépites de Jlin, DJ Paypal ou encore Elysia Crampton. Cette fois, c’est la fine fleur de la chose noise (au sens très large) qui est invitée psur la nouvelle compilation du même nom, dans laquelle on peut retrouver des morceaux inédits de Wolf Eyes,  Pharmakon ou bien Merzbow, pour un échange de coups de fleurets qui fleurent bons la camaraderie rigoriste et le bousin boucanier.



- Run The Jewels a balancé son troisième album gratuitement pendant les vacances. Alors on en pense quoi, de ce gros gâteau à la fraise, dégoulinant de basses et de beats colossaux, écœurant sur les bords et se dirigeant de plus en plus dangereusement vers le rap de stade tendance RATM ? Épuisant, bouffi et héroique à la fois, on ne peut s’empêcher de se repasser le truc tout en posant déjà très sérieusement une option sur la Shitlist 2017.



- Frank Ocean chopped and screwed : et si la seule manière de venir à bout de l'interminable Blonde était paradoxalement de ralentir sa vitesse de moitié ?



- On est à peu près sûrs qu'Aphex Twin doit avoir au bas mot 145 morceaux de ce type sous le bras, mais on ne se privera pas d'apprécier à sa juste valeur cette d'ambient spectrale balancée le jour de Noël sur Soundcloud sans rien dire à personne comme si de rien n'était.



- Grouper après un album joué uniquement au piano rebranche les guitares qu'on avait tant aimé sur The man who died on his own boat. Résultat: absolument rien de révolutionnaire mais un talent toujours certain pour les morceaux émouvants nimbés de reverbs qui seraient la BO parfaite pour le retour d'Ulysse à Ithaque (ou un super film d'auteur sur les extra terrestres?).