C'était il y a un an et demi, on trouvait ça fendard de dire "les internets", et il y avait ce morceau plutôt incroyable qui s'appelait "Marienbad" qui avait commencé à tourner sur Youtube. Plutôt sous le charme de son précédent et très étrange Tragedy qui faisait prendre de la hauteur à toute l'école Not Not Fun de la pop électronique indie dada, on tombait officiellement en pâmoison devant cette débauche escherienne d'harmonies et de dimensions qui n'avait plus rien à voir avec quoi que ce soit de connu. Las, tout l'Ekstasis qui suivit semblait un peu palot en comparaison. Sans dénoncer l'arnaque (c'était quand pas mal du tout), la déception + une série de concerts tristounes où ses architectures chétives de samples qui soufflent devenaient de sinistres roucoulades trip-hop ont relégué la Californienne à la catégorie "Starlettes d'écoles d'art plutôt plus douée que la moyenne mais bon quand même pas plus que ça". Du genre qu'on ne rechigne pas forcément à écouter une fois de temps en temps le dimanche après-midi. Quand on y pense.
Eh bien pour le premier teaser de Loud City Song, son troisième album à sortir en août chez Domino, la diablesse nous refait le coup: aucune idée d'à quoi va bien pouvoir ressembler le disque ("une adaptation de Gigi de Colette inspirée par Joni Mitchell et la poésie de Frank O'Hara", on a déjà vu plus sexy), mais force est de constater que quelque soit l'angle par lequel on le prend (intellectuel/théorique/sentimental/apollinien/dionysiaque), c'est beau/beau/beau/beau/très beau.
Alors bien sûr au début, on est obligés de s'emporter parce que Holter imite quand même un peu trop conscieusement Stina Nordenstam; mais au fur et à mesure que les harmonies s'enfilent et se retournent les unes dans les autres, que les cordes funèbres s'empilent, on réalise qu'elle nous refait le coup du labyrinthe: on passe des Beach Boys à Gesualdo, de Gesualdo à Haendel, de Haendel à Morricone (3.50!), puis de Morricone à Scott Walker. Evidemment tout ça n'a rien à voir avec l'acid house ou le HxC, mais l'auteur de ces lignes doit bien avouer qu'il a trouvé la potion bluffante et qu'il en est tout retourné. Il vous dit en août si sa déception est à la hauteur de son présent engouement.
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