S'il y a un truc qu'on sait faire en France, c'est soigner nos vétérans. Laurent Garnier signe sur Ed Banger, Jean-Michel Jarre est adoubé par la bande Dirty et la RBMA, on réhabilite à l'occasion Cerrone ou Martin Circus comme des pionniers proto house indispensables.

Là c'est le tour d'Oxia et c'est une bonne nouvelle. Longtemps relégué au deuxième rang derrière (notamment) ses camarades Kiko et The Hacker, le Grenoblois Olivier Raymond fut parmi les premiers chez nous à relayer la classe Made in Detroit mais a longtemps préféré militer pour sa communauté plutôt que sa propre carrière. Il y a eu Ozone Records en mode furtif, puis la belle aventure de Goodlife avec The Hacker et Alexandre Reynaud. Et la musique d'Oxia elle même s'écouta longtemps exclusivement en vinyle et en maxi (dont une poignée sur Kompakt, quand même): le premier album du duo devenu solo ne sortit qu'en 2004, soit près de dix ans après les premiers sillons gravés. Très occupé à mixer dans les boîtes de nuit, Oxia envisage apparemment les disques comme des trucs à écouter plutôt que comme des catapultes promo et c'est (forcément) tout à son honneur.

Là, il sort le deuxième huit ans et un bel envol international après le premier, et l'on devine dès le premier coup de kick qu'il a bien fait d'attendre. Loin des pétaraderies tech house qui embarassent les catalogues Cocoon ou Crosstown Rebels, Tides of Mind est un album techno house à l'ancienne, pas dénué de mièvreries inutiles (les inévitables tentative electro pop coeur de chou fleur, on pardonne tout de suite) mais dont chaque odyssée ascensionnelle, boostée par l'emphase poétique du format album, touche droit au but. On aime particulièrement les exercices deep house un brin communautaristes mais finauds et vraiment très beaux (le finaud Rue Brusherie, avec solo de piano jazzy et tutti quanti), pas si loin de ce que font les gars très doués d'Innervisions (Âme, Dixon). En gros, Tides of Mind ne fera saigner aucune oreille, mais il fera chaud aux coeurs de pas mal de trentenaires.