Je ne doute pas une seconde que vous êtes des personnes très affairées. A ce titre, je ne doute pas non plus que vous avez mieux à faire pour occuper votre temps libre entre deux sessions d'échanges de mots-valises sur Facebook que de vous infliger des monstres arthropodoïdes et démantibulés de boucan post-digital de 17 minutes, dont les infinitésimales beautés à l'échelle de Planck nécessitent de se ficher une loupe sur le coin du nez pour être appréciées. En même temps, je ne doute pas une seconde du respect que vous portez en votre sein, de près ou de loin, à cette entité fabuleuse de la musique moderne qu'est Autechre.
Permettez-moi donc de vous orienter un instant vers le Youtube ci-dessous, qui donne à écouter le premier remix du duo depuis une petite éternité (si je ne m'abuse, le remix de "Skeng" de The Bug / Kevin Martin en 2010), qui dure effectivement 17 minutes et 11 secondes et dont la forme étrange évoque de fait le remous sinueux d'une créature des profondeurs un peu monstrueuse dont la principale caractéristique serait de muer toutes les 4 secondes.
Comme à leur habitude, Sean Booth et Rob Brown préfèrent donner un coup de projecteur sur un confidentiel artisan IDM (ici le très obscur Oberman Knocks, signé sur Aperture par la vétérante Andrea Parker) plutôt que le dernier beau gosse à la mode et ne résistent pas à la tentation de se faire remarquer - pondre un remix de 17 minutes à partir d'un morceau qui en durait 5, vous concèderez même que c'est à la limite de l'odieux. Mais comme à chaque fois qu'ils consacrent un peu de leur précieux temps à l'élaboration d'un remix plutôt qu'à celle d'un de leurs propres morceaux, ils façonnent un objet sonore hors-normes, à la fois hyper dur et hyper sophistiqué, au sujet duquel il serait franchement malvenu de se contenter de ricaner.
Vous faites donc comme vous voulez, vous prenez une journée de RTT, vous faites l'impasse sur votre sieste ou vous foutez un coup de pied aux fesses de votre chat plutôt que de lui faire un gros câlin, mais vous me faites le plaisir d'écouter ce truc en entier. Une fois n'est pas coutume, le gros machin plein d'air et d'idées noires qui vous sert de caboche vous dira peut être "merci".
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.