Des étincelles de Cluster, Lucio Battisti et Sakamoto, un remake d'Aguirre par John Hugues, un saxophone joué par un poète sud-américain dont la belle chevelure vole au vent, des cocotiers croqués en CGI primitif qui lâchent des noix de coco sur un horizon géométrique et iridescent, un peu d'electrofunk, un tigre au petit déjeuner - peu importe la petite porte magique par laquelle on y rentre, on est bien, bien, bien dans le premier album de Nico Motte, graphiste en chef d'Antinote et initiateur avec Rheologia du sous-département "musiques de films imaginaires dont la musique est mieux que l'intrigue" du label.
Tout autant geek et adorateurs des musiques de plages virtuelles que ses camarades Zaltan, Gwen "Iueke" Jamois ou D.K., Motte a fait de son premier album un gros sandwich plein d'images, d'évocations de mauvais disques géniaux et de sons-machines à voyager dans le temps, et il faudrait vraiment avoir un coeur en plastobéton pour ne pas succomber. Même si finalement, le voyage est bien plus lézardant qu'il en a l'air.
Signalons en effet aux ayatollahs du neuf aux réfractaires aux sons synthétiques qui rendent immanquablement nostalgiques de l'époque de la guerre à mort entre le Betamax et la VHS que Motte contourne très intelligemment les poncifs du disque-musée. Présenté par son titre, les couleurs de sa pochette (le même gris que le béton de la mairie de Bobigny) et les confidences de son auteur comme un disque nocturne et ambigu, Life Goes On If You Are Lucky ("La vie continue si t'es chanceux") nous balade dans les plus reculés de ces territoires maintes fois explorés et ré-explorés par la jeunesse fétichiste obsédée par le passé, au point de nous faire douter : d'où Nico Motte vient-il en vrai ? Où veut-il nous emmener ? Que veut-il à la musique ? Est-il plutôt du côté de la vie, ou de celui de la mort ?
Autant de questions avec lesquelles je vous laisse vous démerder pour me contenter de vous conseiller l'acquisition en objet physique de cet épais LP parce que comme je vous le disais en préambule de cette notule, on s'y sent terriblement bien. Ou comme on dit dans les pays on où parle Anglais, "Don't sleep on this one".
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