Crooks and Lovers, le premier Mount Kimbie, était au moins dans le contexte de 2010 un oiseau rare: bref, humble, transgressif sans verser dans les erreurs et horreurs du crossover, il fut par accident le premier vrai missionnaire de cette génération "???-Dubstep" (© David Pais) qui jongle avec les genres, les sous-genres et les patterns tout en refusant vaillamment de tourner le dos à la Scène. Ainsi pendant que les roitelets de la première génération se roulaient dans le saindoux et les livres Sterling pour percer sur MTV, nos blanc-becs élevés à l'université emportaient la mise en remplaçant les drops et la crème fouettée par beaucoup d'air et une guitare électrique de supermarché.
Trois ans plus tard, Kai Campos et Dom Maker ont signé sur Warp et le paysage n'a plus grand chose à voir. Tout le monde à Londres fait de la house, le drop a traversé l'Atlantique pour de bon et les radios ne jurent plus que par les clones plus ou moins empatées de Sade. L'écoute prolongée de "Blood and Form" (et de Cold Spring Fault Less Youth dans son intégralité) nous fait nous dire que Mount Kimbie se sont vraisemblablement peu souciés de cet état de faits. Mais si leur musique n'a pas beaucoup bougé, l'époque, elle, résonne tout autrement avec elle. Face à leurs meringues de synthé et leurs riddims improbables, désormais, il y a Disclosure et AlunaGeorge. Se risquera-t-on alors à dire que l'époque a un peu moins besoin de Mount Kimbie et que leurs appel d'air nous évoquent désormais plus du vide que de l'air frais? Ira-t-on jusqu'à écrire que Mount Kimbie ne sert plus à rien? On se dit surtout que le temps passe trop vite et qu'on en sait fichtre rien.
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