Question qui fâche du jour: MMM méritent-ils vraiment la hype démesurée qui entoure systématiquement les sorties de leurs maxis? Parce qu'on parle tout de même de deux Allemands quarantenaires tout frêles, aux cheveux poivres et sel, dont le premier (Fiedel) a un seul maxi solo à son actif en quinze ans de carrière et le deuxième (Erik Wiegand) est certes un poil plus productif (voir son oeuvre démoniaque en solo et ses disques avec Soundhack) mais est avant tout un informaticien qui mixe avec un crayon virtuel et une palette graphique. Pourquoi donc la house, la vraie, avec son cortège d'oiseaux sexy et de ghetto credibility, aurait-elle choisie ces deux clampins teutons pour s'incarner un peu plus fort qu'ailleurs?

C'est que la dance music allemande a ses voies mystérieuses à elle et qu'à l'instar de la française (avec ses enfants de magnats de la variété française et ses grands bourgeois), on ne la discute pas. Et pour revenir à ma question initiale, oui, tous les maxis d'Errorsmith et Fiedel en duo sans exception méritent intégralement leur statut d'exception. Non seulement ils sont rares - une aubaine à notre ère d'abondance où un silence de 3 mois équivaut, au moins dans la dance, à un saut de l'ange du haut d'un pont - mais surtout ils prennent tous un malin plaisir à chercher des noises au classicisme house et à l'armée de clones chiants comme la pluie qui le perpétuent. Ainsi derrière les macarons tamponnés et la production sèche comme du vieux pain, chaque sortie MMM Records semble rejouer la partie de la techno allemande depuis le début.

La preuve en beat et en boucan avec ce "Que Barbaro" effectivement barbare comme pas permis, puisqu'il mélange clin d'oeil à l'étrange incursion du riddim coupé-décalé dans la dance anglaise (la Funky, tout ça), cocottes de guitare funky monoï et la bassline la plus querelleuse et sûre de son bon droit qu'on ait entendu depuis 10 mois. C'est glacial, c'est débile, c'est formidable.