Les lecteurs connaissent sans doute notre affection pour la musique de Peter Kersten, alias Lawrence. Très allemande et très anale, sa house profonde comme un poème d'Hölderlin a tout pour agacer - hautaineté, hygiénisme, rigidité - mais tous ses disques depuis le premier nous touchent au coeur par leur grande finesse et leur grande musicalité. Tout du moins, c'est l'hypothèse qu'on s'avance à nous-même pour tenter d'expliquer l'effet qu'ils nous font - ce n'est ainsi pas par hasard qu'on a classé son dernier Films & Windows comme notre disque de "house chiante préféré" de l'année passée. On aime bien les paradoxes. Cette semaine, le boss de Dial agrave son cas avec la sortie sur Sky Walking Records du premier disque pas mal chiant mais surtout très beau de Sky Walking, trio d'impro semi électronique fondé il y a cinq ans avec ses camarades de label Christian Naujoks et Richard Von Der Schulenburg.
Enregistré dans l'arrière boutique du disquaire Smallville avec un bataillon d'intruments étranges, "des microphones russes et la steel drum à la sonorité la plus triste de tous les steel drums", l'éponyme Sky Walking ne ressemble à rien de déjà entendu du côté de la house ou du côté de la musique improvisée, mais ramasse des ambiances et des idées à peu près toutes déjà entendues dans la deep house solitaire de Kersten, avec quelques rasades d'humour pince sans rire typiquement hambourgeois (les auditeurs attentifs remarqueront sans doute les clins d'oeil délicats au générique de Star Strek dans "Departures') pour éviter l'évanouissement de l'auditeur sobre.
A noter que la prochaine étape pour le boss de Dial, c'est la publication de son premier album 100% ambient en novembre, via l'excellent Mule Musiq de Kuniyuki Takahashi. On se frotte boen sûr déjà les mains de la manière délicieuse avec laquelle on va s'ennuyer en l'écoutant en boucle.
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