C'est la soupe à la grimace chez les rappeurs de la West Coast. Destin tragique (Nate Dogg), roi fainéant (l'arlésienne Detox de Dr. Dre sera peut-être l'album de chevet de nos petits enfants), Snoop qui postule pour la nationalité jamaïcaine, les punchlines de la Hub City et de ses environs semblent s'etre désséchées au fur et à mesure que les gangs rangeaient les MAC10.
Malgré cette apathie ambiante, le concours de freestyle des BET Awards (qui récompense les personnalités afroaméricaines de l'année) a consacré cette année le crew de la west-coast. Mais le sursaut aura surtout souligné l'écart entre les vieux pontes et la nouvelle génération qui gronde. Si consécration il y eut, ce fut celle de Kendrick Lamar, rookie straight outta Compton de 25 ans qui doit compter les heures qui le séparent encore de la gloire nationale (good kid, m.A.A.d city, son premier album signé sur une major, sort la semaine prochaine).
Produit par Hit-Boy, responsable du Niggas in Paris de Kanye & Jay-Z, ce premier extrait tord tout de suite les vieilles filiations west-coast. Kendrick y éructe tel un Kanye West en fin de nuit blanche, jouant des coudes pour glisser son gros ego, grapiller ses caisses qui roulent vite et son quota de filles faciles. Loin de son allure de jeune premier serviable, il joue à merveille l'ambitieux affamé, saoulé par l'arthrose et les plaintes des aieux, impatient d'aller s'oublier dans une chambre d'hôtel parisienne (on laisse quelqu'un d'autre traduire la punchline qui parle de la Tour Eiffel). Ou alors se pourrait-il qu'en bon enfant d'internet, le gars soit déjà en mode meta, mise en abyme et brouillage de pistes entre fiction en réalité? C'est tout le mal qu'on lui souhaite.
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