Le temps passe, les bedaines s'épaississent, 1989 et 1992 s'éloignent mais quelque chose ne change pas : le coeur se met à battre différemment dès qu'on écoute un nouveau disque de Half Japanese (ou à peu près n'importe lequel des douze projets de Jad Fair).
Comment se fait-ce, demande Bruno Masure ? C'est le mystère éternel de l'indie rock, celui d'avant Starbucks et Coachella, d'avant Noah Baumbach et des iPods remplis "d'un peu de ci, un peu de ça". C'est quelque chose de très précieux, de "parfait" en soi pour citer le morceau merveilleux qui donne son titre à ce Xème album du plus parfait des groupes de l'âge d'or du rock alternatif américain encore en activité, dont on oublie pourtant étrangement le bien que ça peut nous faire dès qu'on appuye sur "play" sur le Soundcloud d'une bêtise plus neuve et, en apparence, plus sophistiquée. Ça s'entend nulle part ailleurs plus précisément que dans la voix de ce vieil homme génial et ce matin, en écoutant quelques jours avant sa sortie Perfect très fort, on prie quelque Dieu auquel on ne croit pas pour ne pas l'oublier trop vite, une fois n'est pas coutume, dans une semaine ou dans une heure, au contact de cette foutue timeline Facebook qui finit toujours par nous rappeler à son limon de déchets et à nous faire croire que le monde qu'on aimait et qui nous a fait à son image est foutu, en train de finir pour de bon, qu'il n'y a plus rien ou presque à attendre de celui qui est en train de le remplacer.
Perfect sort vendredi sur Joyful Noise Recordings, il s'écoute ci-dessous en entier.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.