Disons qu'il y a deux types de morceaux dans le monde, les inspirés et les pas inspirés. Pour ce qui concerne la pop de facture électronique notamment (je parle très largement), il me semble qu'on passe beaucoup trop de temps à brutaliser nos neurones à essayer de déchiffrer puis vanter les beautés cachés des morceaux sans intérêt. Je vous donne pas d'exemple, ça serait pas très auguste de ma part, mais je parle bien sûr de la masse plutôt que d'une minorité.
Ce qui nous amène au cas Kieran Hebden. Il se trouve que si l'Anglais a commis son lot de morceaux sans intérêt, on lui reconnaît aussi une exigence assez exceptionnelle dans le tri des bidules qu'il nous soumet. Il ne fait même aucun doute que le gars recherche les formes frappantes plutôt que les coquilles vides joliment troussés. De "Ringer" à "Jupiters", sa carrière récente est ainsi semée de petits hits marquants, pas forcément réalisés de la queue jusqu'au museau mais qui dégagent toujours ce je-ne-sais-quoi de mystère formel qui sépare l'anodin du passionnant.
La nouvelle du jour, c'est que le "Parallel Jalebi" que Hebden vient de livrer en pâture à Internet en préambule de son prochain Beautiful Rewind fait partie sans la moindre ambiguité de ce haut de panier. Car tout est bien dans cette tentative dancefloor remarquablement bien dessinée, pourtant prompte et simple comme un bonjour: la boucle de voix, la caisse claire en bois précieux, les glitches, le break au milieu. Quelle différence entre ce bidule et la muzak indie électronique qui sert de tâche de fond à nos vies de serfs du tertiaire? Je ne suis pas bien sûr, mais le fait est que son écoute donne l'impression d'avoir déniché un oasis dans un vaste désert.
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