On vous parlait il y a pas une semaine des oeuvres de jeunesse de Sasu Ripatti, AKA Vladislav Delay, Luomo, Sistol, Uusitalo etc., parce que le Finlandais vient de les republier en digital sur sa propre plateforme et parce qu'elles nous évoquaient quelques souvenirs intimes d'intenses épiphanies. Mais sus au passé et aux âges d'or, décidément de plus en plus encombrants en ce moment! Ces lointains débuts tonitruants ne doivent pas faire trop d'ombre aux activités récentes de cet électronicien très prolifique (sans compter les collaborations, une grosse trentaine d'albums en 15 ans) et toujours en quête de réinvention.
Ça tombe bien, VISA, le nouveau monstre qu'il vient de sortir sous pseudo Vlad Delay, est l'occasion idéale de se rabibocher avec le Finlandais, dont le flou esthétique des sorties récentes, qu'elles soient housey, jazzy ou technoïdes, pouvait rébuter quelques auditeurs un peu débordés parmi lesquels l'auteur honteux de ces lignes. Retour à ses moments les plus radicaux (qui se souvient du très beau Anima, sorti en premier temps sur Mille Plateaux?), cet album qui aurait tout aussi bien pu s'appeler "VISTA" pour sa capacité à nous mettre des caisses d'images devant les yeux, est présenté par les critiques techno un peu gênés aux entournures par ses formes étranges et son absence de beat comme un album ambient. Ce qu'il n'est pas vraiment.
En fait VISA ressuscite en quelque sorte cette sous-école de l'electronica européenne de la deuxième moitié des années 90 qu'on englobait sous le terme barbare de "clicks'n'cuts". Tout y est, les skips post-digitaux, les formes à rallonge et les vapeurs de synthèse numérique produite par les logiciels de pointe type SuperCollider, Pure Data et Max/MSP. Pourquoi lui? Pourquoi aujourd'hui? En fait Ripatti est remonté à la source sans trop y penser, alors qu'il était bloqué en Finlande après s'être fait refouler à la frontière américaine où il devait entamer une tournée. Enervé, sans doute un peu déprimé, il a allumé les ordinateurs et ouvert les tuyaux et laissé la sève sortir sans réfléchir. Entre soud-design virtuose et action painting, le résultat est à la fois brut et très délicat, minimaliste et gorgé de complexité, pas évident à s'enquiller il faut bien l'avouer mais source de bonheurs sensitifs ébaubissants. Sortez votre meilleur casque, monter le son, et laissez-vous emporter.
Et pour vous le procurer derrière pour l'éternité, c'est chez votre disquaire préféré ou en suivant les liens ci-après que ça se passe: iTunes / Boomkat / Bandcamp.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.