Depuis qu'Elysia Crampton est active en tant qu'E+E (“Y-[and]-Y", l'espagnol pour “And & And”), nom de guerre dont on ne s'étripera pas à définir les notions, elle a laissé derrière elle un héritage électronique évasif, mutant et futuriste.
Après plusieurs années passées à produire sous ce pseudonyme à forte signification politique (comme la plupart de sa musique), Elysia Crampton, Américano-Bolivienne d'origine, a opté pour une transformation genrée et patronymique, qui a abouti au nom d'adoption d'Elysia (Crampton). Avec American Drift, son très ambitieux premier album revendiqué comme un essai sonique sur l'histoire de la Virginie (l'État où elle habite), une réflexion sur la couleur de peau et l'identité latino sous le prisme de la géologie (oui, vous avez bien lu), l'artiste a non seulement placé la barre très haut mais a insufflé aux esprits de tous les électrons libres en orbite des problématiques queer, sur la géographie du son, le lien entre la terre et l'humain, l'expérimentation, les prémices de ses évangiles auditifs.
À l'époque, on ne pouvait déjà que recommander chaleureusement aux thésards et galopeurs de bibliothèques, émotifs et transgenres de se plonger dans les eldorados patafixés d'Elysia Crampton, mais depuis que le premier extrait de son nouvel opus a flirté avec la toile, on aimerait vous en dire plus. Elysia Crampton Presents: Demon City, son deuxième album à paraître sur Break World Records (Goth Money et Sagan Youth sont à découvrir et feront une bonne introduction à Crampton pour ceux qui ne connaissent pas) donc, semble attester des ambitions toujours plus séculaires et on-ne-sait-pas-comment futuristes de la musicienne, déterminée à pousser les limites de vos bulbes avides de concepts convertibles en dissertations aux nombres de pages découpées sur trois décimales et de docu-fictions d'anticipation basés sur une prophétie sociologique un peu folle bien plus loin que vous ne le pensez.
Crampton utilise le sample d'un rire machiavélique sans doute tiré d'un film fantastique pour écoliers et le transforme en cadence sordide, fait surgir d'un chaos de sorgue le ricanement d'une marionnette que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, invoque le sample d'une basse qu'on soupçonne extraite d'un moteur de Monster Truck (son péché mignon, elle en raffole). Et la liste pour le moins aguicheuse des morceaux suivants n'est pas un calmant pour nos ardeurs. Il inclut, entre autre, un morceau de Lexxi publié sur son défunt compte Soundcloud, qui déjà réveillait nos esgourdes de force sur des ailerons à réaction.
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