Comme bon nombre de ses contemporains, le producteur basé dans le Queens Brian Piñeyro choisit de multiplier les alias, les projets et les chemins de traverse. J'ai beau chercher, impossible de trouver une seule photo de lui sur les internets (du coup, vous devrez vous contenter de la pochette ci-dessus et au bas de l'article). Une manière de se cacher derrière l'éternel idéal électronique de retrait de figure publique, ou plutôt d'épouser cette idée plus contemporaine de dévoiler plusieurs affects à la fois, ne pas répondre qu'à un seul et unique désir et de picorer à droite et à gauche au gré de ses fringales artistiques du moment ?

En l'espace de quelques mois seulement, Brian Piñeyro a consécutivement sorti de la musique sous le nom de DJ Wey, Dj Python, ou encore Deejay Xanax, et maintenant sous le patronyme plus simple de Luis. Passant allègrement d'une house leftfield à des simili morceaux jungle, allant piocher du côté de la deep reggaeton (appellation aussi fantaisiste qu'inventée de toute pièce) chez Proibito, le nouvellement nommé Luis opte désormais pour une electronica racée, aux confins de l'IDM et de la house cradingue. C'est d'ailleurs peut-être cette multiplicité des points de vue et des déplacements qui fait que la musique de Piñeyro se pare tant d'un sens de dislocation et de vagabondage sonore (dans le bon sens du terme). 

Il ne s'en cache d'ailleurs pas. Sur le 12" Dreamt Takes, sorti la semaine dernière sur 1080p, l'homme (ou plutôt le label) décrit lui-même sa musique comme "une couverture douillette et confortable, quatre morceaux qui traitent de distance et de séparation". Une manière de dire la douleur par la douceur, et une façon de traiter l'angoisse sourde par une production à la fois absente, dure et rêveuse qui rappelle certains de ses pairs new-yorkais (comme, au hasard, Huerco S. - décidément de tous les fronts en ce moment). 

Dreamt Takes est sorti la semaine dernière sur le label 1080p. Il s'écoute en entier ci-dessous :