On vous prévient, c'est pas encore aujourd'hui qu'on va bitcher sur Geoff Barrow.
Le gars a beau enregistrer comme il transpire (rappelons qu'après le petit carton Anika, le Portishead en chef a lâché un disque de rap de quarantenaire de 40 morceaux et une b.o. imaginaire à l'Oberheim en moins de trois mois) tout ce qu'il sort continue à cumuler la classe et l'étrangeté. Ce qui, à l'ère d'Internet, est toujours un exploit.
Beak> notamment, improbable trio qu'il forme avec les épouvantails à meufs Billy Fuller (de Fuzz Against Junk) et Matt Williams (alias Team Brick), est un vrai trou noir anachronique: du rock semi-instrumental semi pas-instrumental, lascif et brutal, expérimental mais immédiat, surtout nourri à une liste longue comme le bras de groupes (Neu!, This Heat, les Melvins...) auxquels il ne ressemble pas.
Car Beak>, ce n'est pas du krautrock, ce n'est pas du post-rock, ce n'est pas du doom metal: tous les riffs de basse, de batterie ou de SH09 sont là, mais joués et produits selon un jeu de contraintes (zéro overdub, matos limité, enregistrement autoproduit dans le garage) qui nous les colle tout de suite au coeur. Beak>, c'est trois vieux trentenaires qui devraient être revenus de tout comme Phil Collins, mais qui préfèrent courir après leur toute, toute première fois (en local de répét').
Leur deuxième album à sortir en juillet sur Invada s'appelle ">>", il ressemble au premier en mieux, et on peut d'ore et déjà en écouter un extrait qui s'appelle "Yatton", peut-être comme ce village du Somerset où sévissait George Lukins, possédé notable du XVIIIème anglais. Peut-être.
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