C'est étonnant comme avec le temps, le krautrock est devenue, plus qu'une tendance, la lingua franca la plus usitée de la jeunesse indie qui regarde ses pieds. Hier soulèvement sans membrane et hyper spécifique d'un pays en quête d'identité (on vous refait pas l'Histoire), ce non-genre tombé du refus des conventions pop rock est devenu le biais d'expression fétiche de tous ces grands timides qui autrefois auraient plus volontiers fait chauffer les riffs fuzzés à la Dinosaur Jr. ou les entrelacs de lignes claires à la Sarah Records.
Sans se lancer dans de pénibles explications anthropologiques, on remarquera que l'occurence krautrock limitée à ses formes les plus reconnaissables et ses clichés fait un réceptacle à idées idéalement creux et poylvalent pour tous ceux qui aiment composer et bricolant et bricoler en composant. Il suffit de se faire une petite liste rapide de groupes récents ayant taté du Cluster/Neu!/Ash Ra pour réaliser l'immensité du champ des possibles qui vibre entre les lignes: de Beak> à K-X-P, de Câlin à Yeti Lane, on ne voit pas seulement de la variété, on voit le monde entier.
Ajoutant très humblement sa pierre au côté électronique de l'édifice, le Français Bajram Bili privilégie la qualité des pigments aux étincelles. Au premier abord, on pourrait même penser que le principal atout de ce mini-LP tout juste sorti sur Another Records, c'est son titre (des "nuages en séquences", le paradoxe est très joli). Mais si le geste est low-key, il est très équilibré et plutôt trés réussi. Quelque part entre la classe la plus planante de l'école synthétique allemande, le post-rock de trucker et les cornes de brumes de Boards of Canada, le garçon a ses marottes et ses fixations. Ensemble, elles ne font certes pas l'univers le plus bruyamment singulier et exubérant qu'on ait découvert cette année, mais elles font un univers quand même. Goûtez y voir.
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