Composé de, si on a bien compris, membres de Dame Blanche et La Secte du Futur (et d'autres aussi peut-être, vu le potentiel incestueux de la scène garage punk française), les Parisiens de Bryan's Magic Tears naviguent plutôt entre des terres lo-fi rugueuses et un horizon sucré idéalisé, en droite lignée des 90's de Pavement, Royal Trux et Ween revues et corrigées par T-Rex - ou l'inverse, d'ailleurs. Découvert il y a deux ans sur une compile sortie des tréfonds de l'Internet (dont je serais bien incapable de retrouver la trace), le morceau "Small Dick Fucks Cheerios" m'avait un peu agrippé et d'office pris par les sentiments.
Une mélancolie plutôt inhabituelle dans l'esthétique garage rock cracra, un certain goût pour la régression que partagent pas mal de leurs compatriotes garage, lo-fi et indie punk depuis maintenant pas mal d'années (l'Amérique VHS en ligne de mire, une appétence pipi caca un peu bebête et touchante à la fois, ses membres ayant de toute évidence passé l'âge de parler de petites bites et de céréales), ce morceau avait de quoi caresser dans le sens du poil tout mélomane un peu branleur et nostalgique d'une époque qu'il n'aurait pas vécue. Et leur premier album, qui sort désormais chez les Parisiens de XVIII Records, est bien évidemment à l'avenant.
Plutôt habitué à délivrer des charges punk et garage qui grattent et qui râpent (on pense notamment à toute la bande de cramés australiens qu'il abrite en son sein, de UV Race à Royal Headache), XVIII Records, en sortant le premier album de Bryan's Magic Tears (dont le nom est tiré d'un dealer d'acides à Paris, pour la petite histoire), choisit ici de s'attarder sur une fournée pleine de fuzz, de chorus et de romantisme (post) ado, à propos de laquelle on a très envie d'user de superlatifs et d'enthousiasme. Car si de prime abord, l'entreprise a tout l'air du projet de seconds couteaux peu investis par la chose, la vérité est que le disque, uniquement composé de tubes immédiats, délivre assez de délices, de candeur et de félicité rigolarde (planquée derrière les couches de gras et les synthés fiévreux) pour que l'on s'attarde un peu sur son cas. En tout cas, beaucoup plus que le temps-Internet, qui digère et oublie tout dans la seconde, tente de nous imposer.
Le premier album de Bryan's Magic Tears sort mi-décembre chez XVIII Records et se précommande ici. Il est en écoute intégrale en avant-première ci-dessous :
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